Interview du Dr Michel Niezborala
Médecin du travail et épidémiologiste.
Spécialiste du stress au travail, il est l’auteur de « Travailler sans dérouiller », éditions Milan.
Quelles sont les sources de stress les plus fréquentes aujourd’hui ?
J’en
vois deux. D’abord, l’autonomie des salariés. En entreprise, on en
parle beaucoup. En réalité, les salariés ne sont pas autonomes… mais
seuls ! Ce n’est pas tout à fait la même chose en terme de stress.
Ainsi, les salariés ne décident pas de leur emploi du temps, ne
contrôlent pas le rythme qu’on leur impose, et sont soumis à de
continuels changements de programme. À force, ils passent leur journée
à expédier les urgences… et se retrouvent obligés de « bâcler ».
La seconde grande source de stress
est de ne plus savoir à quel moment on fait bien son travail. De plus
en plus de salariés sont soumis à des doubles contraintes souvent
contradictoires. La plus fréquente est : « Travaille vite et bien ».
Quand ils respectent les délais, les salariés n’ont pas toujours le
temps de faire un travail de bonne qualité. Or, pouvoir se dire « je
fais bien mon travail » est essentiel pour la santé !
Dans les deux cas, la situation est source de stress… Et elle l’est d’autant plus que la peur du chômage incite souvent les salariés à taire leur souffrance.
Mais comment s’en protéger ?
Il
ne faut pas hésiter à en parler à son chef. Par crainte des
représailles (et du chômage) ou de passer pour un incapable, on choisit
souvent de se taire… Mais la politique de l’autruche est rarement la
bonne solution. Les chefs n’ont pas toujours évalué justement le temps
qu’il fallait pour faire telle ou telle tâche. Et c’est le salarié le
mieux placé pour en parler. La discussion permettrait de revoir la
répartition des tâches, de modifier le planning ou d’envisager une
formation pour que ce salarié développe de nouvelles compétences qui le
rendent plus performant.
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