Rachida Dati
Les secrets de la chute d'une icône
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Une
fois de plus, le président de la République a volé à son secours en
recevant les magistrats en colère à l'Elysée, mais, dans les couloirs
du Château, on ne cache pas que l'ère de la haute protection
présidentielle est révolue. Si la pasionaria de la place Vendôme fait
toujours partie des ministres préférés des Français, elle devra
apprendre à jouer serré dans un monde judiciaire souvent aussi exaspéré
par le style et les méthodes de leur ministre que par le fond de sa
politique
Une semaine noire. Epouvantable. Une
séquence cauchemardesque. Des magistrats en rébellion ouverte. Un
personnel pénitentiaire au bord de la crise de nerfs. Des suicides de
détenus en rafale. Et puis cette affaire de violeur remis en liberté
pour faute de frappe. Et, en bout de chaîne, toujours le même scénario
: la chute de l'icône. La descente aux enfers de celle qui est montée
trop vite sur les hauts sommets de l'échelle sociale. Rachida la femme
pressée, la teigne, l'insubmersible, enfin un genou à terre. Elle qui
croyait surfer sur l'actualité, comme son maître, est, cette fois,
totalement débordée par les événements. La poisse s'est abattue sur
elle.
Son entourage a beau répéter qu'elle va rebondir, qu'elle a des nerfs d'acier, que le président est toujours «à fond derrière elle»,
on sent bien que quelque chose s'est cassé entre Nicolas Sarkozy et sa
«chouchoute». La favorite est aux abois. La Cendrillon des banlieues,
l'Arabe symbole de la France moderne catapultée place Vendôme, entre
les palaces et les maisons de joaillerie de luxe, a du mal à s'extirper
du piège dans lequel on l'a précipitée. Un costume trop grand pour elle
? C'est ce que lâchent désormais de nombreux ministres sans retenue.
Rachida Dati, une «erreur de casting» ? Faux, réplique-t-elle.
Elle jure qu'elle contrôle toujours la machine judiciaire, que jamais
aucun garde des Sceaux n'a réformé comme elle l'a fait (voir encadré),
que ses prédécesseurs ont tous connu des crises dures. Elle va
multiplier les rencontres avec les magistrats, écouter les uns et les
autres, cesser de jouer les arrogantes, arrêter de visiter les prisons «comme on monte les marches du Festival de
Cannes». Elle tiendra compte du message de l'ancienne ministre de la Justice socialiste, Marylise Lebranchu, qui a lancé : «Qu'elle
le veuille ou non, le garde des Sceaux, c'est le ministre du malheur des autres;
ça exclut de se montrer avec des robes qu'une surveillante de prison mettrait un
an à s'offrir.» Les propos auraient pu être de Sarkozy lui-même qui lui suggère depuis quelques semaines d'«arrêter de jouer les
divas».
Donc fini les apparitions bling-bling, les notes de frais mirobolantes,
les robes de grand couturier. Rachida, c'est promis, va jouer les
austères. La dame de fer fait patte de velours. Et même pénitence.
Malgré sa grossesse, elle sillonne le pays, joue les marathoniennes
entre tribunaux, prisons, centres de réinsertion. Elle écoute la France
qui souffre, celle des victimes, mais aussi le personnel de son
ministère. La «mégère» s'est apprivoisée. Mais n'est-il pas déjà trop
tard ? Son départ ne serait-il pas déjà programmé ?