Des entreprises occidentales responsables de la guerre en RDC ?
La guérilla qui déchire l’est du Congo se déroule au Kivu. Pour mettre
la main sur les minerais précieux de cette province, il est aujourd’hui
avéré que des entreprises occidentales ont bel et bien participé au
financement des groupes armés.
Coltan
Il y a un an, une Organisation Non Gouvernementale (ONG) anglaise,
Global Witness, déposait une plainte contre la société britannique
Afrimex. Elle l’accusait d’avoir contribué au conflit dans l’est de la
République Démocratique du Congo en se livrant au commerce des
minerais. En effet, si Afrimex avait réussi à se fournir en coltan et
en étain depuis le début des deux premières guerres du Congo
(1996-2003), c’est parce qu'elle versait des « impôts » au
Rassemblement congolais pour la démocratie-Goma (RCD-GOMA), un groupe
armé rebelle proche du Rwanda, et responsable de massacres de civils et
d’actes de torture.
Le 28 août dernier, au moment même où les combats redoublaient de violence en RDC — cette fois-ci entre les rebelles tutsis, les hutus et l’armée — le gouvernement anglais a confirmé les allégations l’ONG, jugeant
qu’Afrimex avait «
enfreint des directives internationales en s’approvisionnant en minerais provenant d’une zone congolaise en guerre.»
Tant qu’il y aura des acheteurs… il y aura la guerreEnfin, un gouvernement admet qu’une entreprise ne peut impunément exploiter les richesses du Congo car elle participe ainsi indirectement au
financement du conflit. Global Witness crie victoire. «
Le commerce
des minerais sous-tend la guerre depuis 1998. La quasi-totalité des
principaux groupes armés impliqués ainsi que des soldats de l’armée
congolaise nationale font le commerce de ces minerais de manière
illégale depuis des années, dans la plus totale impunité. Nombre
d’entre eux imposent des taxes à la population civile et extorquent des
minerais ou de l’argent le long des routes ou aux postes frontaliers » explique l'organisation sur son site internet .
En juillet dernier, Global Witness allait encore plus loin et rendait
compte de l’implication importante de groupes armés et d’unités
militaires congolaises dans le commerce de la cassitérite et de l’or au
Nord et au Sud Kivu, déplorant que les acheteurs et les compagnies qui
font le commerce des minerais en provenance de l'est de la RDC ne
prennent pas la responsabilité de mettre un terme au lien entre ce
commerce et la violence persistante :
« Tant qu’il y aura
des acheteurs prêts à participer à ce commerce, directement ou
indirectement, avec des groupes responsables de graves atteintes aux
droits de l’homme, ces groupes n’auront aucune raison de déposer leurs
armes » commente Patrick Alley, le directeur de Global Witness.
Les récriminations de cette ONG font suite à un rapport de l’ONU de
2003 (voir le document ci-dessous) qui montrait clairement comment le
commerce du minerai alimente les groupes armés.