A Metz, une femme de 82 ans est morte "faute de soins"
Une femme de 82 ans est morte, dimanche 4 janvier, après avoir attendu des soins pendant plus de 8 heures sur un brancard des urgences de l'hôpital Bon Secours à Metz. C'est le quatrième décès en dix jours, apparemment provoqué par des erreurs ou négligences hospitalières, une véritable série noire sur fond de polémique autour des moyens accordés au secteur hospitalier.
La patiente, qui présentait des symptômes de déshydratation et d'insuffisance respiratoire, a été renvoyée samedi, vers 20 heures, dans sa maison de retraite sans être vue par un médecin. Elle y est décédée dimanche en début d'après-midi. Interrogé par le fils de la défunte, Jean-Marie Kremer, le standard téléphonique des urgences aurait répondu "qu'il y avait trop de demandes et qu'on ne pouvait rien faire".
Jean-Marie Kremer et l'Union des familles laïques (UFAL) de la Moselle ont déposé "une plainte contre X pour non assistance à personne en danger" devant le procureur de Metz. Selon Nadia Weiller, présidente de l'UFAL, ce décès est directement lié à la pénurie de soins provoquée par les réformes hospitalières du gouvernement. A ce titre, l'UFAL se réserve le droit de mettre en cause la ministre de la santé, Roselyne Bachelot.
"ON ATTEINT LA LIMITE"
Vendredi dernier, un bébé de six mois en attente d'une greffe d'intestin, hospitalisé à l'hôpital Necker à Paris, a succombé à un surdosage de substitut alimentaire dans sa perfusion, lié à l'erreur d'une aide puéricultrice validée par une infirmière. Son décès fait suite à celui d'Ylies, trois ans, mort dans un hôpital parisien quand une infirmière lui a administré, par erreur, du chlorure de magnésium. Elle a été mise en examen pour homicide involontaire.
Plusieurs syndicats de personnels médical ont dénoncé le manque de moyens et un système de soins au bord de la rupture, à quelques semaines de l'examen au Parlement d'un projet de loi sur la réforme hospitalière, qui projette de regrouper les hôpitaux en pôles géographiques et de répartir les spécialités entre établissements. "On atteint aujourd'hui la limite, on touche à la qualité de l'accueil et à la sécurité des patients", affirme Jean-Louis Chabernaud, président du Syndicat national des pédiatres des établissements hospitaliers, dans une interview au Journal du dimanche.
De son côté, le gouvernement réfute tout manque de moyens et dénonce l'utilisation politicienne de cette série noire. La ministre de la santé, Roselyne Bachelot, a annoncé une réunion avec les syndicats concernés pour mi-janvier, et souligné que la France était "le pays qui dépense le plus pour son hôpital par habitant".