Le film «Slumdog Millionaire» attaqué Image du film "Slumdog Millionaire" de Danny Boyle/Pathé Distribution
CINEMA
- Le film du Britannique Danny Boyle est accusé par une association
indienne d'habitants d'un bidonville de donner une mauvaise image de
Dharavi, à Bombay, le plus grand bidonville d'Asie...
«Slumdog Millionaire» viole-t-il la «dignité des pauvres»? C’est ce
qu’une association indienne de résidents d'un bidonville reproche au
film de Danny Boyle, l'histoire d'un jeune Indien illettré qui remporte
la version locale du jeu télévisé «Qui veut gagner des millions?». Un
film primé quatre fois aux Golden Globes américains.
Tapeshwar Vishwakarma, le représentant de cette association, a déposé
plainte à Patna (capitale de l'Etat du Bihar) contre la vedette
indienne Anil Kapoor et le compositeur de la bande originale, A.R.
Rahman. Motif? Diffamation.
Dans le journal «Times of India»,
Vishwakarma a déclaré n'avoir pas du tout apprécié l'expression
«Slumdog» - que l’on pourrait traduire par «chien de bidonville» - pour
décrire les dizaines de millions de résidents de bidonvilles en Inde.
En particulier ceux de Dharavi, à Bombay, le plus grand bidonville d'Asie, là où a été tourné le film.
Rappel du passé«M. Vishwakarma a dit clairement qu'il ne s'attendait à rien de positif
venant d'un réalisateur britannique, puisque ses ancêtres nous
qualifiaient de chiens», a ajouté son avocat Shruti Singh à l'agence de
presse Indo-Asian News Service (IANS). Une allusion à la colonisation
britannique de l'Inde jusqu'en 1947.
Alors que l'audience judiciaire à Patna est programmée le 5 février, le
coréalisateur de «Slumdog Millionaire», Loveleen Tandon, a déjà assuré
dans le «Mail Today» que «ce titre ne devait être pris ni pour une insulte, ni pour une offense».
Fiction«Slumdog Millionaire» n’est pas le seul long-métrage à se faire tacler
pour des questions d’image et de représentation. En France, «Bienvenue
chez les Ch’tis» n’a pas plu à tout le monde. Notamment pas à Elise
Ovart-Baratte, chercheuse en histoire contemporaine, qui a signé un
essai, «Les Ch’tis, c’était les clichés» (éd. Calmann-Levy), pour dire que le Nord montré par Dany Boon
était «misérabiliste, passéiste et archaïque». Des reproches dont on
comprend qu’ils tombent sur les documentaires, censés donner à voir la
réalité, mais dont l’usage s’est généralisé jusqu’aux fictions.