ITALIE
Un bureau des plaintes créé contre les "fonctionnaires tire-au-flanc" Le ministre de la Fonction publique a créé un service pour recueillir les doléances des usagers contre les "fonctionnaires de gauche
tire-au-flanc", dans le cadre de sa "révolution" de l'administration.
Renato Brunetta, ministre italien de la Fonction publique (Sipa) Le ministre italien de la Fonction publique Renato Brunetta a annoncé,
jeudi 29 janvier, la création d'un nouveau service baptisé "Ligne
amie", destiné à recueillir les doléances des "clients" à l'égard des
"fonctionnaires de gauche tire-au-flanc" via un numéro vert ou un site
internet.
Populaire mais controversé Renato Brunetta a entrepris une "révolution"
dans l'administration et veut en finir avec les fonctionnaires
"tire-au-flanc".
"L'administration monstre d'inefficacité""Il faut donner la parole aux 60 millions de 'clients' de
l'administration, leur donner le pouvoir de dire si les services
publics répondent à leurs attentes. Grâce à ce système centralisé, je
pourrai être informé chaque jour de la façon dont les Italiens jugent
l'administration", explique Renato Brunetta, 58 ans, dans un entretien
à l'AFP.
"Ce projet fait partie de la révolution que je mène dans
l'administration, un 'monstre' de lourdeur et d'inefficacité",
commente-t-il.
Son "combat" contre l'"immobilisme" de l'administration et ses
railleries sur les "fonctionnaires de gauche tire-au-flanc" ont valu à
ce professeur d'économie le titre de ministre le plus populaire du
gouvernement Berlusconi, selon des sondages.
Mais le ministre, cible privilégiée des caricaturistes en raison de son
franc-parler et de sa très petite taille (moins d'un 1,50 m), s'est
également mis à dos une bonne partie des 3,65 millions de
fonctionnaires italiens, leurs syndicats et la gauche.
"Il n'y a que des communistes !"Issu d'une famille populaire de Venise - son père vendait des gondoles
miniatures aux touristes - le ministre se dit "socialiste", malgré son
appartenance au parti de droite de Silvio Berlusconi : "aujourd'hui, le
soi-disant centre gauche n'existe pas, il n'y a que des communistes !".
"Je veux ramener les syndicats à leur fonction première, celle de
représenter les intérêts des employés, pas de diriger la fonction
publique", lance-t-il.
Sa lutte acharnée contre l'absentéisme dans le secteur public n'est pas
étrangère au désamour des fonctionnaires à son égard: en durcissant les
contrôles des congés maladies et en diminuant les salaires des employés
souvent absents, le ministre a fait baisser de 45% le nombre de jours
d'absence en six mois, en particulier pour congé maladie.
"Plus fort que Padre Pio !""J'ai rendu la santé à des milliers de fonctionnaires. On m'a dit que
je devrais recevoir le Nobel de médecine. J'ai fait plus fort que le
Padre Pio!", le saint le plus populaire en Italie, dit-il dans un grand
éclat de rire.
"Aujourd'hui, l'Etat s'occupe plus de protéger ses employés que de produire des biens et services", regrette-t-il.
"Mon objectif n'est pas de licencier", assure-t-il : "je veux améliorer
et augmenter la qualité des services dans l'éducation, la culture, la
santé... Le tout avec le même coût", résume-t-il.
Vers une notation des services publicsSes prochains combats: permettre aux citoyens de "noter" les services
publics sur internet, de faire des recours collectifs en justice contre
l'administration et de les informer sur la qualité des prestations des
administrations, dans un souci de "transparence".
"Lorsque vous achetez une voiture, vous savez tout d'elle. Il n'est pas
normal qu'il n'en soit pas ainsi de l'hôpital ou de l'école de vos
enfants!", souligne-t-il.
Alors que la crise économique frappe de plein fouet la Péninsule,
Brunetta estime qu'il est en droit d'en demander encore plus aux
fonctionnaires car ils ont "la sécurité de l'emploi": "en ces temps de
crise, ils doivent s'activer, c'est à eux d'être la locomotive du pays".