Les condamnés à mort sauvés par le capitalisme!
Affaiblie par la crise économique, l'Amérique compte ses sous. Pour faire des économies, certains États vont très loin, allant jusqu'à proposer une abolition de la peine de mort, qui se révèle 70% plus chère que le simple emprisonnement.
Ah qu’il était beau le temps où on pouvait dépenser sans compter ses
sous. Le temps d’avant la crise. Le temps où l’Amérique incarnait la
prospérité. Elle envoyait alors ses GI’s et ses sociétés de sécurité
privées de par le monde pour calmer les esprits un peu trop échauffés.
Ses couloirs de la mort étaient pleins. Ah, le temps où elle exécutait
sans états d’âme et par dizaines ses condamnés à mort! Désormais
l’Amérique compte ses sous, et l’Uncle Sam a la peine de mort moins
généreuse. C’est que ça coûte un paquet de dollars de tuer presque «
dignement » un condamné à mort.
La peine capitale, c'est pas donné
Songez ! Le Death Penalty Information Centre estime, par exemple, que
l’exécution d’un prisonnier au Kansas coûte 1,26 million de dollars
alors que le maintenir en prison ne revient qu’à 740.000 dollars. Soit
un surcoût de plus de 500.000 dollars ! Les condamnations à la peine
capitale font l’objet de multiples recours judiciaires et de
l’intervention de nombreux avocats.
Il n'en fallait pas plus pour que certains états absolument pas motivés par de quelconques raisons bassement morales et philosophiques, mais complètement soumis au dieu Dollar envisagent de ne plus appliquer la peine de mort. Le Montana, le Maryland et le Nouveau-Mexique pourraient ainsi décider d'abolir la peine de mort!
Le gouverneur du Maryland, Robert O’Malley a déclaré que dans son Etat, la situation était catastrophique. Les peines capitales coûtent trois fois plus cher que les autres : « Et nous ne pouvons nous permettre ça quand il y a des moyens plus efficaces et moins chers de réduire la criminalité» assure le Gouverneur, pas humaniste pour deux sous mais plutôt attaché à une gestion de l’Etat en bon père de famille.
Dans le Kansas, le sénateur McGinn a à peu près le même raisonnement : «Nous cherchons à économiser de l'argent pour aller de l'avant dans l'état du Kansas » a-t-il expliqué sur FOXNews.com. Tuer moins pour économiser plus.
L'économie: une question de vie ou de mort
Certains estiment que la peine de mort n’est pas une question de prix, de dollars, de cents… L’argument relève du bon sens. Malheureusement, il a été « subtilement » repris par les anti-abolitionnistes qui refusent de
voir sortir du couloir de la mort des centaines de condamnés à la peine
capitale. Le tout, pour quelques dollars de plus…
C’est un peu de l’Amérique post-moderne qui se trouve ici résumée : il aura fallu attendre la crise des subprimes et ses suites pour que certains Etats se posent enfin la question de la peine de mort faute de pouvoir entretenir toujours aussi longtemps de vulgaires « morts en sursis ». Difficile de trouver pire raisonnement. En plus de fournir des
arguments de poids aux anti-abolitionnistes –qui n’en demandaient sans
doute pas tant— il prouve que contrairement aux discours des
faux-naïfs qui expliquaient que le néolibéralisme était une idéologie
vouée à disparaître, victime de ses propres coups de boutoir, la notion
d'économie politique dans son acception libérale reste plus que jamais
l'ultime référent de toute décision. Après le salarié, voici le
condamné à mort devenu variable d'ajustement. Condamnés en phase de prospérité, ils auront l'espoir de s'en sortir vivants en cas de grave
récession. Alors, la Bourse ou la vie ? Nous en sommes toujours là.