Grève du 19 mars: un grand coup pour rien? Manifestation le 29 janvier 2009 à Paris
SOCIAL - La participation pourrait être à nouveau massive, mais le gouvernement dit ne pas vouloir en faire plus...
Ils étaient entre 1 et 2,5 millions dans la rue le 29 janvier dernier
pour défendre l'emploi, le pouvoir d'achat et «les conditions d'une
relance économique». Une semaine et demie plus tard, syndicats,
politiques et associations appelaient à une nouvelle journée de grève, le 19 mars
pour faire pression sur le sommet social du 18 février. Déçus par les
propositions de Nicolas Sarkozy, les syndicats ont maintenu ce
rendez-vous.
François Chérèque s'attend à une «mobilisation aussi importante» pour
cette nouvelle journée nationale d'action interprofessionnelle. Déjà, les appels à la grève ou aux manifestations se multiplient et, si le secteur privé avait peu participé fin janvier, les affaires Total ou Continental pourraient cette fois mobiliser davantage.
Pommes de discordeD'autant que le gouvernement s'est montré inflexible sur des points
sensibles. Dès le lendemain de la journée de mobilisation du 29
janvier, Luc Chatel avait annoncé la couleur:
pas la peine de penser à une relance par la demande. De même, hors de
question de ralentir le train des réformes, ni de revenir sur les
suppressions de postes dans la Fonction publique, et notamment dans
l'Education nationale.
A l'occasion du sommet social, des efforts ont cependant été consentis,
à hauteur de 2,6 milliards d'euros, sous forme de primes ou de
réductions d'impôts pour les foyers les plus modestes. Des mesures
jugées insuffisantes par les syndicats, qui ont regretté de ne pas
avoir été entendus sur le smic et les augmentations salariales.
Pas d'efforts supplémentairesPour Brice Hortefeux,
le gouvernement a déjà «réagi très fortement à l'égard des classes
moyennes et des plus défavorisés». Et son patron, François Fillon, a
déjà prévenu: «Toute enveloppe supplémentaire, c'est de la dette
supplémentaire.»
L'Elysée ne semble donc pas décidée à mettre la main à la poche une nouvelle fois.
Aucun sommet social n'est d'ailleurs programmé après le 19 mars. Le
conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino, a d'ailleurs mis
les choses au point ce lundi: «C'est l'évolution de la situation
économique qui dicte la politique du gouvernement, pas le calendrier
des manifestations.»
De quoi doucher les espoirs des syndicats, même si l'outre-mer a montré
qu'une issue positive était possible. Au prix, cependant, d'un
mouvement long et radical. Stéphane Sirot, historien et spécialiste des
mouvements sociaux, confiait récemment à 20minutes.fr que «les grandes
confédérations n'ont sans doute pas très envie de déclencher un grand
mouvement incontrôlable». «La structure salariale n'étant pas la même,
on ne peut pas réclamer 200 euros d'augmentation pour les bas
salaires», avait quant à lui affirmé Gérard Aschieri (FSU).