Tout a commencé par une annonce dans le journal : « à vendre, ferme de 1000 hectares proche de Libertad, Vénézuela ». Libertad, un nom plein de promesses qui allait pourtant devenir synonyme de cauchemar pour Christophe Beck et sa famille.
À près de cinquante ans, alors directeur d’une entreprise florissante, Christophe Beck décide de céder son affaire et part en Amérique du sud avec sa femme et trois de leurs enfants. Il devient propriétaire de la ferme et commence une nouvelle vie. Puis, le 13 décembre 2005, Christophe est pris en otage.
Il nous raconte sa descente aux enfers, comment il a survécu dans une jungle hostile, menotté jour et nuit par une armée révolutionnaire proche des FARC : l’ELN.
Son récit est entrecoupé par le récit de sa femme, Martine, témoin de l’enlèvement. Elle nous décrit sa lutte, seule, pour le faire libérer, les démarches désespérées qu’elle va entreprendre auprès des autorités vénézuéliennes et françaises. Elle met en lumière l’irresponsabilité du gouvernement français et le fiasco de cette diplomatie qui, à aucun moment, n’a soutenu le combat de ce couple.
L’épreuve de Christophe durera un an. Ses ravisseurs demanderont 500 000 dollars dans un premier temps, puis 2 millions de dollars.
Loin de la médiatisation de la libération d’Ingrid Betancourt, Christophe Beck nous livre un témoignage prenant sur le drame qu’il a vécu et sur l’indifférence insupportable du gouvernement français.
"Ma famille a été délaissée par la France pendant toute ma détention", a-t-il dénoncé. "Je démens les propos tenus dimanche par le ministre des Affaires étrangères Philipe Douste-Blazy comme quoi son ministère s'était 'pleinement mobilisé' pour elle." Réponse mardi du Quai d'Orsay : il réaffirme s'être mobilisé mais redit la nécessaire "discrétion" dans ce type d'affaires. "Nous ne voulons pas polémiquer, ni avec M. Beck, ni avec sa famille", a déclaré le porte-parole adjoint du ministère en soulignant que "la mobilisation a été reconnue par M. Beck lui-même, puisqu'il a souligné le rôle qui avait été joué par les services diplomatiques et consulaires au Venezuela et par les envoyés spéciaux du Quai d'Orsay".
L'éleveur a été libéré dans la nuit du 20 au 21 décembre 2008, "dans une zone désertique, à une quarantaine de km de la frontière colombienne et a dû marcher plusieurs jours avant de trouver un village". Les ravisseurs avaient réclamé 100 millions de bolivars (40.000 euros) pour relâcher leur otage, mais le montant qui leur a finalement été versé n'a pas été divulgué. "L'Etat français n'a pas versé un seul centime pour payer ma rançon dont je préfère encore garder le montant secret", a-t-il précisé.
Originaire de la Meuse et longtemps établi à Millas, dans les Pyrénées-Orientales, Christophe Beck y avait vendu son entreprise de charpente métallique il y a 14 ans pour aller s'établir sur une exploitation de 1.200 ha près de Barinas, où il élevait depuis 1.200 zébus blancs avec l'aide de sa famille.