Guet-apens au Crédit lyonnais
Guet-apens au Crédit lyonnais
Convoqué pour récupérer sa carte bancaire, un
sans-papiers a été arrêté dans une agence
d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).
« Plus, plus, un petit peu plus », chante le
slogan du LCL (ancien Crédit lyonnais). Mamadou
en sait quelque chose. Car en plus de ses
services financiers, la banque n'hésite pas à
offrir à ses clients sans papiers un petit séjour
en rétentionŠ
Jeudi 7 août, ce Malien de trente-trois ans est
convoqué par son conseiller pour retirer en
agence sa nouvelle carte bancaire. Client du LCL
depuis huit ans, Mamadou n'a aucune raison de se
méfier. Pas plus quand on lui demande finalement
de revenir le lendemain. Le vendredi, on le fait
patienter dans un bureau durant quelques minutes,
le temps, lui dit-on, d'aller chercher sa carte.
Mais quelques instants plus tard, ce n'est plus
le conseiller du LCL qui débarque dans le bureau,
mais des policiers venus l'arrêter. Aucun doute
n'est possible, c'est bien un salarié de cette
agence située en face de la gare RER
d'Aulnay-sous-Bois qui a dénoncé Mamadou
directement aux forces de l'ordre. Cette sinistre
comédie ayant duré deux jours, il est même fort
probable que la banque et les forces de l'ordre
se soient consultées pour organiser ce redoutable
guet-apens.
C'était sans compter sur les lois françaises qui
protègent de ce type d'interpellation. Après son
arrestation, Mamadou est emmené au local de
rétention administrative de Bobigny
(Seine-Saint-Denis). Mercredi, comme l'exige la
procédure, il passe devant le juge des libertés
et de la détention qui le libère immédiatement
pour « interpellation déloyale ». La petite
plaisanterie lui aura quand même coûté cinq jours
d'enfermement.
Le Crédit lyonnais n'en est pas à son coup
d'essai. En septembre 2008, Mme M., venue pour
une demande de crédit à l'agence de la place
d'Italie, s'était retrouvée emmenée au
commissariat du 13e. Le Crédit lyonnais n'ayant
pas répondu à nos appels, nous ne saurons pas si
les salariés délateurs sont récompensés par des
bonus lorsqu'ils livrent ainsi en pâture des
sans-papiers aux forces de l'ordre.