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 Un escorteur de la PAF raconte la violence ordinaire des expulsions

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Militant
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Nombre de messages : 1510
Date d'inscription : 12/10/2008

Un escorteur de la PAF raconte la violence ordinaire des expulsions Empty
MessageSujet: Un escorteur de la PAF raconte la violence ordinaire des expulsions   Un escorteur de la PAF raconte la violence ordinaire des expulsions Icon_minitimeMar 13 Oct - 15:24

Un escorteur de la PAF raconte la violence ordinaire des expulsions
forcées
<http://www.mediapart.fr/journal/france/071009/un-escorteur-de-la-paf-racont
e-la-violence-ordinaire-des-expulsions-forcees>
Après la description des usages policiers en matière de reconduites
à la frontière
<http://www.mediapart.fr/journal/france/071009/un-escorteur-de-la-paf-racont
e-la-violence-ordinaire-des-expulsions-forcees> , la suite du récit de
l'escorteur, dont Mediapart a recueilli le témoignage. L'agent de la police
aux frontières (PAF), employé à l'unité nationale d'escorte, de soutien et
d'intervention (Unesi) basée à Rungis, détaille ses conditions de travail.
Il a intégré ce service pour échapper à son affectation précédente, où il se
faisait «caillasser» et où la «procédure judiciaire ne suivait pas». Mais
aussi pour les «voyages».

Il raconte les «avantages» de son métier: aller «au bout du monde»
et se retrouver «sur le bord d'une piscine avec un cocktail». Accumuler des
miles sur sa carte flying blue ne l'empêche pas d'entrevoir les limites de
sa mission qu'il juge «un peu absurde» et de s'indigner de la manière dont
Nicolas Sarkozy «a fait sa carrière sur le dos des policiers». Primes en
baisse, retraites «bousillées», mutations «bloquées», il regrette l'attitude
de l'administration à l'égard de sa profession.

«On voit du pays»
Notre cycle de travail, c'est trois jours de travail, trois jours de
repos, toute l'année. Si des vols sont programmés, on part. Il faut être
tout le temps disponible. On nous dit: “demain, tu prends à 8 heures à
Roissy ou Orly ou au Bourget”. Le Bourget, c'est là que sont les avions de
la boîte, c'est-à-dire les avions que la police loue. Il y a un Beechcraft
de 19 places et un Dash 8 d'une cinquantaine de places. Le Beech, on
l'appelle le vomito, parce qu'il bouge beaucoup, y'a pas de toilettes,
alors, quand c'est pour des familles, avec les enfants, faut prévoir. Mais
l'avantage, c'est qu'on est maître à bord, c'est nous les stewards. À Roissy
et Orly, on prend des avions de ligne, le plus souvent sur Air France.

Dans la plupart des cas, les missions se passent très bien, sans
problème. Pour beaucoup de policiers, mon service, l'unité nationale
d'escorte, de soutien et d'intervention, est l'un des meilleurs services de
la police. On a quand même un boulot sympa parce qu'on voyage beaucoup, on
fait la fête, on voit du pays, la liste d'attente est très longue! Quand je
dis à mes ex-collègues que j'étais au bout du monde, sur le bord d'une
piscine avec un cocktail... J'ai été partout, sur tous les continents. Il
n'y a que la Bolivie, j'ai pas fait encore, je regrette. Comme on a des
frais de mission un peu dérisoire, on essaie de récupérer les mémos pour
avoir les miles. Certains personnels d'Air France, qui n'ont pas d'a priori
trop négatifs sur la police, acceptent.

On est toujours bien habillés [les escorteurs sont en civils], on a
un comportement respectueux, on est pas des cow-boys. Mais y'en a qui nous
envoient balader. Ce n'est pas grave, on le fait sur internet, avec notre
code. J'ai ma carte platinum, c'est une rare, celle-là, il y a quatre
niveaux et celle-là c'est la plus élevée, je suis à 140.000 miles, ça fait
pas mal de voyages.

«Ce travail, je sais très bien pourquoi je le fais»
Je ne me cache pas derrière les ordres. Ce travail, je sais très
bien pourquoi je le fais, je n'ai pas honte. La première raison, c'était
pour me barrer de mon précédent poste. Avant l'Unesi, j'étais dans un coin
très dur, je me faisais caillasser, du coup, aujourd'hui, je me considère en
vacances. Il y avait des mecs, on avait beau faire, des saloperies, la
procédure judiciaire ne suivait pas, on les retrouvait dehors trois jours
après les avoir arrêtés. Un fumeur de joint, ça passe. Mais les agresseurs
sexuels qui ne sont jamais inquiétés... C'est pour ça que la plupart des
collègues sont démotivés, c'est pour ça que je suis parti.

Ici, on a une excellente hiérarchie, ça y fait beaucoup. Les
collègues sont des fêtards, personne se tire dans les pattes, on est content
d'aller au boulot. En gros, on est là pour s'amuser. Moi, je suis là pour
ça, il n'y a pas d'ambiguïtés. Après, qu'il y ait une législation sur les
étrangers, c'est tout à fait normal. Quand on vient en France, on a des
papiers, c'est tout. À partir de là, tout le monde est bienvenu. Forcer le
passage, c'est pas tout à fait correct.
* «La mission est un peu absurde»
Je suis bien conscient que ne pas avoir de papiers, c'est un délit
mineur. La mission est un peu absurde. Que le système ne serve à rien, on le
sait tous. La plupart des mecs qu'on reconduit sont des victimes, ça coûte
cher de les faire partir et, en plus, la plupart vont revenir. Une fois,
j'ai dû raccompagner un Tunisien uniquement parce que son visa était périmé
depuis quinze jours. Les collègues étaient allés le chercher chez lui à 6
heures du matin. Quand même, ça ne se fait pas. Là, ce n'est pas les bons
mecs qu'on ramène.

Je me souviens aussi d'un proxénète, il a pris deux ans de prison,
il a fait un an avec une expulsion définitive, mais comme il avait une
double nationalité, il pouvait revenir quand il voulait. Les retours
volontaires, c'est n'importe quoi. Les Roumains, quand on les ramène, ils
ont leur enveloppe avec la petite Marianne dessus. Ils partent avec
plusieurs centaines d'euros en liquide dans la poche, comme ça, payés par la
France. À un moment, ils parlaient de dissoudre notre service parce qu'on ne
faisait pas assez partir les gens. On a eu des remontées de bretelles, il y
a six mois, comme quoi on n'était pas assez efficaces. C'est officieux, on
nous a dit: “Les gars, vous faites trop de refus”.

«Les objectifs chiffrés, c'est du vent»
On est gérés directement par la direction centrale de la PAF qui
fait le grand écart entre le ministère de l'immigration et le ministère de
l'intérieur. Le patron du pôle éloignement met la pression sur nos
effectifs. Mais, moi, je ne la ressens pas. Il y a parfois des paroles
malheureuses. Par exemple, un collègue a refusé une reconduite, le major lui
a dit: “pourquoi, t'as peur?” Moi, quand je refuse, on me dit: “ah tu
déconnes, tu aurais pas pu le faire partir quand même?” Mais je m'en fous,
j'explique pourquoi, c'est tout.

Il y a des erreurs de procédure aussi. Les dossiers,
administrativement, ne sont pas toujours carrés. Parfois, on se trompe de
destination, c'est déjà arrivé. En fait, les objectifs chiffrés [26.000 en
2007, 27.000 en 2009], c'est du vent. Ils les gonflent, c'est électoraliste,
on le sait très bien. On sait très bien qu'on ramène très peu de personnes.
Des missions, s'il y en a une dizaine par jour, c'est un très bon jour. À
l'ULE [unité locale d'éloignement - dans l'aéroport, où sont conduits les
étrangers expulsés avant l'embarquement], il y a un grand tableau. Il y a
quelques années, il était plein, ça inclut tout le monde, y compris ceux qui
acceptent de partir tout seul. En ce moment, c'est mort, y'a vraiment pas de
mission. On est tous en train de perdre nos cartes flying blue!

Ceux qui ressentent vraiment la pression, ce sont les collègues qui
font des interpellations. Avant, ramener un étranger en situation
irrégulière, c'était la honte, du temps perdu. Maintenant, ils ne font
quasiment plus que ça. C'est facile, vous allez à Belleville, vous êtes sûrs
d'en trouver et ça remplit les objectifs.
* «L'administration nous traite comme des chiens»
En fait, je n'ai pas de problème avec mon service et avec mon
boulot, mais avec l'administration qui nous traite comme des chiens, c'est
partout pareil dans la police. Je gagne 1.900 euros net par mois, y compris
la prime de risque, qui s'appelle chez nous la prime de sujétion police, 200
euros à peu près. Par rapport à ce qu'on fait, c'est que dalle. À cela
s'ajoutent les frais de mission, ça dépend de la destination, de 9 euros
pour Bamako jusqu'à 160 euros pour un pays du golfe persique. On est la
police la moins bien payée d'Europe, de très très loin.

Jusqu'en 2006, l'Unesi était un service de rêve. Les frais de
mission étaient 80% plus élevés, c'était super intéressant. Maintenant, ça a
changé. Il n'y a plus d'heures de nuit. En plus, on est souvent rappelés sur
les repos. Dans ce cas, on touche des heures sup, mais on ne peut pas
toujours récupérer. À l'inverse, si je suis censé travailler mais qu'il n'y
a pas de reconduite, ils nous prennent nos heures sup, alors que normalement
c'est de l'astreinte. Car on est rappelable à toute heure, c'est-à-dire que
si j'éteins mon téléphone, je me fais engueuler, donc je suis bloqué chez
moi. Si on avait des syndicats dans la police, ça se saurait!

«Sarkozy, personne ne l'aime dans la police»
Mais je ne me plains pas, je suis volontaire pour le service. Avant,
les collègues pouvaient poser des vacances et demander à repousser le billet
de retour s'ils étaient sur une destination intéressante. Ça se faisait.
Maintenant, ça ne se fait plus. C'est l'ère Sarkozy. Avec Sarkozy, ça ne
déconne plus. Personne ne l'aime dans la police, à part les officiers parce
qu'il leur a augmenté leurs primes de façon monstrueuse. Mais les policiers
de base ne l'aiment pas du tout parce que leurs primes ont fortement baissé.


Dans la police, il est considéré comme un parasite, il a fait toute
sa carrière sur notre dos. Tout ce qu'il dit, on sait très bien que c'est du
vent, qu'il n'y a aucun suivi judiciaire sur ce qu'on fait, on sait très
bien qu'il a baissé nos salaires, qu'il a bousillé nos retraites, qu'il est
en train de bloquer les mutations, il a détruit la police. Les sanctions
contre les flics ont explosé. L'administration préfère casser du flic que
d'avoir des émeutes. En plus, les effectifs diminuent. Jusqu'en 2004, ils
ont fait des énormes appels d'offre parce qu'ils avaient besoin de remplacer
les départs à la retraite. En fait, ils ont pris n'importe qui, parce que
personne ne voulait plus rentrer dans la police. Maintenant, les robinets
sont fermés. C'est pour ça que les mutations sont bloquées.

En janvier 2008, le commandant d'alors nous a dit: “si vous prenez
la carte flying blue, vous êtes des ripoux”. Alors que lui faisait ses
courses avec la voiture de fonction, téléphonait avec le téléphone de la
boîte et avait des billets gratuits... parce qu'à la PAF, ils ont des liens
étroits avec les compagnies aériennes. On travaille ensemble, on a tous des
contacts partout, pour avoir des billets pas chers.

C'est ça la police, on se rend service, la vie est dure. À partir du
moment où les policiers ne sont pas bien considérés, pas bien payés, la
corruption arrive tout de suite. Même quand ils sont bien payés, d'ailleurs,
à partir du moment où il y a du pouvoir, c'est facile d'en abuser.
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