Conçu pour être mis en oeuvre par les avions de l'armée de l'Air et de l'aéronautique navale, le nouveau missile nucléaire ASMP-A (Air Sol Moyenne Portée Amélioré) a été déclaré opérationnel le 1er octobre sur Mirage 2000 N. Une cérémonie s'est déroulée pour l'occasion sur la base aérienne 125 d'Istres. Quarante cinq ans auparavant, 1er octobre 1964, avait été déclarée la mise en service opérationnelle du Mirage IV et de l'AN-11 de l'EB 1/91 « Gascogne », à Mont de Marsan. « La France devenait la troisième puissance nucléaire indépendante, lui conférant ce rang qu'elle n'a plus quitté dans le concert des nations. 45 ans d'alerte nucléaire ininterrompue, 7j/7 et 24h/24 », a rappelé le général Jean-Paul Palomeros, chef d'état-major de l'armée de l'Air.
La dissuasion nucléaire, d'abord confiée uniquement aux Forces Aériennes Stratégiques (FAS), sera aussi l'affaire de la Marine nationale. En décembre 1971, Le Redoutable, premier sous-marin nucléaire lanceur d'engins français, est en service. Il sera suivi par cinq autres SNLE entre 1973 et 1985. Puis la relève arrivera en 1997 avec un SNLE de nouvelle génération, Le Triomphant (armement de 16 missiles M45 avec chacun jusqu'à 6 têtes de 150 kilotonnes.Portée : 6000 kilomètres). Après la chute du mur de Berlin, les effectifs de la Force Océanique Stratégique (FOST) sont ramenés à quatre unités. Le dernier de la série, Le Terrible, sera opérationnel l'an prochain et sera le premier à embarquer le nouveau missile balistique M51 (portée de 9000 kilomètres), qui équipera ses aînés, après refonte, au cours de la prochaine décennie.
Mirage 2000 et ASMPA (© : MBDA)
« Une arme redoutable qui ne connaît pas d'équivalent »
L'aéronautique navale s'est aussi vu confier la mission de dissuasion nucléaire. Ses Super Etendard, embarqués sur porte-avions, sont équipés de l'AN-52 puis de l'ASMP (une tête de 300 kt), à l'instar des Mirage des FAS, eux aussi modernisés. Si les moyens de la FOST ne sont pas réduits, en mars 2008, le président Sarkozy a annoncé une réduction d'un tiers de la composante aéroportée. Les FAS perdent, ainsi, l'un de leurs trois escadrons. Mais, si elles y perdent quantitativement, elles y gagnent qualitativement avec le remplacement de l'ASPM par un nouveau missile. «L'ASMP-A est une arme redoutable qui ne connaît pas d'équivalent. Aujourd'hui peu de nations nous égalent, n'ayons pas peur de le dire, soyons fiers », a déclaré le 1er octobre le général Palomeros. Laurent Collet-Billon, Délégué Général pour l'Armement, a quant à lui reconnu « la performance peu banale de ce nouveau missile ». Développé par MBDA, l'ASMP-A, doté d'une nouvelle tête (TNA) mesure un peu plus de 5 mètres pour une masse d'environ 850 kilos. Doté d'une portée accrue par rapport à son prédécesseur, il est propulsé par statoreacteur, ce qui lui donne une vitesse plus importante. Ses capacités de pénétration et sa précision sont, en outre supérieures. Dissuasion oblige, ses caractéristiques exactes sont classifiées. La littérature autorisée évoque, néanmoins, une vitesse de Mach 3 et une portée de 500 kilomètres.
Outre les Mirage 2000 N des FAS, l'ASMP-A équipera les Rafale de l'Armée de l'Air et ceux de la Marine nationale (au standard F3). Il devrait être mis en oeuvre prochainement depuis le porte-avions Charles de Gaulle, dont les soutes ont été modifiées l'an dernier pour accueillir le nouveau missile.
Entre les sous-marins et les avions, la France disposera, en tout, de près de 300 têtes nucléaires.