Le prochain Noël s'annonce bien particulier pour les 7.000 habitants d'une petite ville du nord de l'Italie. Le 25 octobre dernier, la municipalité de Coccaglio, près de Brescia, a lancé une opération qui suscite la polémique. Baptisée - en anglais dans le texte - "White Christmas" (Noël blanc), l'opération a pour objectif assumé d'expulser tous les résidents étrangers de la ville en situation illégale avant le 25 décembre. Les employés de mairie ont un mois pour "visiter" environ 400 maisons qui abriteraient 1.500 étrangers. Selon
La Repubblica , tous ceux qui seront contrôlés avec un permis de séjour expiré depuis six mois se verront expulsés s'ils ne peuvent pas prouver qu'ils ont entrepris des démarches pour le renouveler. "Nous n'avons pas de problème avec la criminalité", explique le maire de Coccaglio, Franco Claretti, qui a pris ses fonctions en juin dernier. "Nous voulons juste commencer le nettoyage", précise cet élu estampillé Ligue du Nord.
"La Ligue du Nord a une vision xénophobe, raciste, violente et arriérée de notre pays" a réagi Anna Finocchiaro, présidente du groupe du Parti démocrate (opposition de gauche) au Sénat italien. L'ancienne ministre de l'Égalité des chances de Romano Prodi a déploré que les autorités de Coccaglio veuillent "chasser les immigrés au moment des célébrations de Noël". Un argument qui ne fait pas plier Franco Claretti. "Peut-être que le nom de l'opération a mal été choisi", a-t-il, certes, concédé. Mais il n'a toutefois rien lâché sur le fond. "Pour moi, Noël n'est pas la célébration de l'hospitalité, mais plutôt celle de la tradition chrétienne et de notre identité", a-t-il notamment défendu dans les colonnes de
La Repubblica . "Le christianisme, c'est l'hospitalité", lui a répondu le responsable diocésain de la pastorale des migrants, Mario Toffari.
L'ambiance n'est manifestement pas plus apaisée au sein même de la coalition gouvernementale emmenée par Silvio Berlusconi, et dont la Ligue du Nord est partie prenante. Hors micro, les dirigeants du parti d'Umberto Bossi reprochent à la municipalité le nom de l'opération et la référence à une couleur. "Le White, dans la chanson
White Christmas , ne réfère pas à une couleur de peau !", s'est exclamé Claudio Abendi, assesseur légiste à la sécurité de Coccaglio, en charge du dossier. Même la fondation Farefuturo, proche des ex-fascistes d'Alliance nationale, a pris ses distances avec le projet et a parlé d'une "offense à la sensibilité des chrétiens". Une bronca qui ne semble pas atteindre le maire de la ville.