Une bactérie pour fabriquer des biocarburants NOUVELOBS.COM | 28.01.2010 | 09:27
Pour la première fois, des chercheurs utilisent la bactérie Escherichia coli sans ajout d'acides gras. Cette découverte va permettre une production directe de biodiésels.
Des chercheurs développent les biocarburants de deuxième génération (AFP) Des
biocarburants de deuxième génération peuvent être produits sans recours à des procédés chimiques. Des chercheurs utilisent la bactérie Escherichia coli, un micro-organisme facile à modifier génétiquement, a rapporté la revue
Nature mercredi 27 janvier.
Contrairement aux biocarburants de première génération, ceux de
deuxième génération utilisent des matières organiques qui ne peuvent
pas servir à l'alimentation, comme le bois ou les déchets végétaux.
Le recours à la
bactérie Escherichia coli pour fabriquer du biodiesel n'est pas nouveau, mais les solutions mises en œuvre précédemment exigeaient l'ajout d'acides gras, alors que "nous avons transformé E. coli pour qu'elle produise directement des esters éthyliques à partir de glucose ou d'éthanols", affirment les auteurs de l'étude.
Bactérie génétiquement modifiée"Nous avons incorporé les gènes permettant une
production directe de biodiesels.
C'est important parce qu'aucune chimie additionnelle n'est nécessaire
pour produire un carburant", a expliqué à l'AFP l'un des auteurs de
l'étude, Jay Keasling de l'université de Berkeley en Californie.
De plus, "une fois modifiée, E. coli sécrète le biodiesel directement à
partir de la cellule. Il n'est plus nécessaire de casser les cellules
pour en extraire le diesel. Cela engendre de
substantielles économies durant la fabrication" du carburant, a précisé le scientifique.
"De vrais produits d'ici un à deux ans"Les chercheurs ont de plus fait sécréter à la bactérie des enzymes permettant de dégrader l'hémicellulose, l'une des
composantes du bois, en la décomposant en sucres de base.
"L'importance de ce développement est que l'organisme (la bactérie)
peut produire le carburant à partir de la biomasse cellulosique qui
constitue
une source de sucre très bon marché", explique encore Jay Keasling.
Le biodiesel produit par E. coli a de plus l'avantage de se comporter comme de l'huile en ne se mélangeant pas à l'eau.
Enfin, au prix de quelques
manipulations génétiques, la bactérie peut être amenée à fabriquer des alcools gras ou des cires, se félicitent les chercheurs.
"Nous espérons que ces développements vont déboucher sur de vrais
produits d'ici un à deux ans", déclare Jay Keasling dont l'équipe
collabore avec la société LS9, basée à San Francisco.