A Nice, Estrosi tombe le masque pour le Carnaval

début février 2010


A Nice, Estrosi tombe le masque pour le Carnaval
Au carnaval de Nice, un roi écolo défilera cette année devant une place Masséna…
débarrassée de quatorze grands arbres. Tout ça pour agrandir les tribunes payantes.


Nice, correspondant.

Le 12 février, Sa Majesté le roi de la planète Bleue fera son entrée dans sa bonne ville de Nice, suivi d’une vingtaine de chars et de sa cour de grosses têtes qui ne raconteront, aux centaines de milliers d’autochtones et de touristes attendus, rien de moins que « l’histoire de notre Terre ». Quinze jours plus tard, il partira en fumée, selon la tradition, sur une plage de la baie des Anges, non sans avoir acquitté… sa taxe carbone. Taxe calculée, précise l’office de tourisme, « en fonction de sa consommation de plates-formes (automobiles) de chars ». Ce roi « écolo-responsable » (sic), selon la formule qu’aime aussi employer le ministre et maire,
Christian Estrosi, futur baron de « l’écovallée » de la plaine du Var, a également ordonné que les écrans géants soient « à basse consommation » et que toutes les
bâches utilisées soient en matière recyclable. Bref, comme disait le roi Pépin,
en 2010, le carnaval se met au vert et à l’écologie…. sauf sur la place
Masséna, ou il y a un pépin qui la fout mal, question développement
durable : les conseillers communistes Emmanuelle Gaziello et Robert Injey,
qu’il ne faut pas prendre pour des paillassou [1] , se sont en effet
aperçus de la disparition de quatorze grands arbres qui avaient été plantés sur
la place lors de son réaménagement autour de la nouvelle ligne de tramway.
« Un comble pour le roi de la planète Bleue ! » écrivent au
maire les deux ficanas [2], qui n’ont pas manqué de remarquer que leurs
chers arbres avaient été remplacés par des places de tribune. Exactement treize
rangs sur trois mètres de profondeur, soit plusieurs dizaines de places payantes supplémentaires.

Et les commères niçoises de commencer à dire que l’écomaire a de drôles de manières de traiter le bon peuple :
dans lesdites tribunes, le prix des places passe, l’après-midi, de 15 à 20 euros,
tandis que l’âge de la gratuité est ramené de moins de 8 ans à moins de 6 ans ! Á quela de bicicletta [3] !

Leur restera quand même la possibilité de balancer quelques confettis à un euro le paquet sur le roi-fric, gratuitement mais en restant debout et à condition d’être déguisés. Alors là, méfi [4] ! Deux jeunes profs qui inauguraient pendant un défilé,
syndical celui-là, leurs masques à l’effigie de Sarkozy — qui, avec celui
d’Obama, devrait faire un tabac cette année dans les corsos carnavalesques —
ont passé un mauvais quart d’heure, le 21 janvier, à l’écocommissariat, comme
dirait Estrosi. Ces poulets-là qui frappaient et qui insultaient élus et
syndicalistes, c’est comme les arbres arrachés de la place Masséna : pas bien bio à voir.

Philippe Jérôme

Notes :
[1] Bonshommes en chiffon que l’on fait sauter en l’air pendant le carnaval.
[2] Mauvaises langues.
[3] Expression niçoise intraduisible qui marque l’étonnement.
[4] Attention, méfiance !

Pleine de fraîcheur cette satyre : merci Pierrot !