Le vent se lève Drame JEUDI 20 MAI 2010 / 20H35 Rediff.
CRITIQUE TELERAMA Film de Ken Loach (The Wind that shakes the barley,
GB/Irlande/Allemagne, 2006). Scénario : Paul Laverty. 120 mn. VM. Avec
Cillian Murphy : Damien. Padraic Delaney : Teddy. Liam Cunningham : Dan.
Genre : lutte armée.
La défense des opprimés chez Ken Loach n'est pas aussi simple qu'on
le dit : elle oblige à des sacrifices. C'est le sujet même de cette
fresque, Palme d'or de 2006. En 1920, Teddy et Damien, deux frères très
proches, sont engagés dans la lutte pour l'indépendance de l'Irlande.
Mais vient le moment où la guerre d'indépendance vire à la guerre
fratricide, au double sens du mot. D'un côté, les partisans du traité de
paix avec les Britanniques, qui se satisfont de ce premier pas ; de
l'autre, ceux qui considèrent cela comme un recul. Pour Loach, marxiste
devant l'Eternel, le débat occulte surtout une chance historique : la
possibilité de la révolution socialiste.
L'échec est ici d'autant plus poignant que les deux frères sont
traités avec la même compassion. C'est toute la force du film, qui tend
souterrainement mais sûrement vers la tragédie shakespearienne. Loach
combine le général - l'histoire politique et militaire - et le
particulier. Il reste toujours concret, direct et sec, d'un classicisme
digne des grands comme Ford. Il y a bien quelques phases d'exaltation.
Mais l'amertume domine le tableau, intense, avec ses couleurs de tweed,
ses intérieurs de ferme plongés dans la pénombre, ses ciels bas et
lourds au goût de cendres.