Quand les politiques s'échangent des
noms d'oiseaux
En comparant Nicolas Sarkozy à
l'escroc Bernard Madoff, Martine Aubry a rendu furieux les ténors de l'UMP.
Ce n'est pourtant pas la première fois que des personnalités politiques
ont des échanges venimeux. Rappel de quelques passes d'armes.
T'es trop minable!
François Bayrou / Daniel Cohn Bendit, 4 juin 2009.
Alors que leurs listes sont au coude à coude dans les sondages pour les
élections européennes, dans un débat télévisé sur France 2, le leader centriste accuse l'écologiste d'avoir "des
relations amicales, sympathiques, formidables" avec Nicolas Sarkozy,
affirmant qu'ils se téléphonaient "souvent". "Je trouve ça ignoble de ta
part (...). Jamais tu seras président de la République, parce que t'es
trop minable!" assène Daniel Cohn-Bendit. "Je trouve ignoble, moi,
d'avoir poussé et justifié des actes à l'égard des enfants que je ne
peux pas accepter." rétorque François Bayrou. Une allusion à une polémique
suscitée en 2001 par des écrits de l'ancien leader de Mai 68 sur la
sexualité des enfants, datant de 1975.
Pierre Lellouche / Jean-Luc Mélenchon, 5 avril 2009. Au sénateur de l'Essonne
Jean-Luc Mélenchon qui l'accuse de s'aligner sur la CIA à propos de la
réintégration de la France dans le commandement militaire intégré de
l'Otan, Pierre Lellouche, secrétaire d'Etat aux Affaires européennes,
rétorque, sur le plateau de l'émission "Ripostes" sur France 5 : "Vous
êtes un pauvre type, Mélenchon, On serait au XIXe siècle, je vous
provoquerais en duel et je vous flinguerais!"...
Frédéric Lefebvre / Ségolène Royal, 10 juillet 2008. Après la mise à
sac de son appartement, la candidate socialiste à l'élection
présidentielle s'en prend au "clan Sarkozy". Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP, déclare le
lendemain que Ségolène Royal, "qui a vécu, comme des centaines de
milliers de Français, un cambriolage (...) devrait avoir droit à une
aide psychologique."
Patrick Devedjian / Anne-Marie Comparini, 28 juin 2007. Rencontrant Patrick Devedjian,
secrétaire général de l'UMP, devant l'Assemblée nationale, Renaud
Muselier lui présente Michel Havard, tout nouveau député UMP du Rhône.
Patrick Devedjian félicite son nouveau collègue qui a battu la centriste
Anne-Marie Comparini. Celle-ci avait déclaré avoir voté blanc au second
tour de la présidentielle: "Cette salope !" lâche Patrick Devedjian. Manque de chance, l'échange est
filmé par TLM, une chaîne lyonnaise. Le lendemain, Patrick Devedjian
"regrette son "interjection déplacée à l'égard de Mme Comparini", à qui
il renouvelle "son estime et toute son amitié".
Lâcheté
Dominique de Villepin / François Hollande, 20 juin 2006.
Le premier secrétaire du Parti socialiste, François Hollande reproche
au premier ministre son "irresponsabilité" en évoquant le projet de
privatisation de GDF, l'affaire Clearstream et les levées de
stock-options réalisées par des dirigeants d'EADS avant que le cours de
l'entreprise ne s'effondre: "Dans toute démocratie digne de ce nom, le
chef de l'Etat ou le Parlement auraient mis fin à cette situation".
Dominique de Villepin, ulcéré, lui répond. "Il est des moments, Monsieur
Hollande, dans une démocratie, où l'on ne peut pas mélanger les
carottes et les choux-fleurs. Je dénonce, Monsieur Hollande, la
facilité, et je dirais même, en vous regardant, la lâcheté..." Le
lendemain, le Premier ministre fait acte de contrition. "Permettez-moi
de me tourner d'abord vers vous, Monsieur Hollande. Hier, j'ai dénoncé
une attitude ; en aucun cas, je n'ai voulu me livrer à des attaques
personnelles, que je condamne. Si certains mots vous ont personnellement
blessé, je le regrette et je les retire.
"Eric Besson / Dominique de Villepin, 7 février 2006.
En plein débat sur la création du contrat première embauche à l'Assemblée nationale, alors qu'est évoquée la menace du "49-3", Eric Besson (alors député
socialiste) lance à Dominique de Villepin, Premier ministre de Jacques
Chirac: "Vous avez le droit d'être libéral, vous n'avez pas le droit
d'être menteur.
" Nicolas Sarkozy / Lionel Jospin, 28 avril 2004.
Interpellé sur son récent voyage aux Etats-Unis par
un député socialiste lors des questions d'actualité à l'Assemblée
nationale, Nicolas Sarkozy, ministre de l'Economie s'en prend violemment
au gouvernement de Lionel Jospin sur le sujet de l'antisémitisme. "J'ai
été l'invité de la totalité des associations de juifs américains, qui
ont souhaité remercier la France pour le combat déterminé que nous
menons contre l'antisémitisme. Ils ne se sont pas arrêtés à cela
puisqu'ils ont voulu me remettre une récompense. Ça ne risquait pas
d'arriver à M. Vaillant. Parce que, après cinq années du gouvernement de M. Jospin, on était arrivé à faire croire aux Etats-Unis d'Amérique que la France était un pays antisémite." Guignol
Henri Emmanuelli / Nicolas Sarkozy, 27 avril 2004.
Le député des Landes proteste contre des menaces que lui aurait lancé Nicolas Sarkozy, en regagnant le banc des ministres après la séance de questions au gouvernement : "Fais gaffe à toi, fais gaffe, fais bien attention à toi." Fou de rage, Emmanuelli se lève et lui répondant : "Retire ça!" L'entourage ministre de l'Economie se contente d'indiquer que l'élu socialiste avait traité Nicolas sarkozy de "guignol" à plusieurs reprises pendant qu'il répondait à une question. Sous la IIIe et la IVe République, les altercations entre élus se réglaient volontiers sur le pré. Le dernier duel au premier sang opposa en 1967 le gaulliste René Ribière et Gaston Defferre, qui l'avait traité d'« abruti ».