Reine ou république ? Le débat s'invite aux élections
en Australie Par Augustin
Scalbert | Rue89
Cette déclaration frise le crime de lèse-majesté : à la fin d'une
campagne très serrée pour les élections législatives de samedi, la Première ministre australienne Julia Gillard a dit
mardi qu'une fois qu'Elizabeth II sera morte et enterrée, le pays
pourrait très bien se passer de monarque. Celui du Royaume-Uni étant,
comme chacun sait, le chef de l'Etat australien. Controverse aux
antipodes.
Voici ce qu'a déclaré selon l'AFP la travailliste Julia
Gillard, née il y a 48 ans au pays de Galles et première femme
Premier ministre d'Australie, bien que 27e personne à occuper cette
fonction, depuis le 24 juin :
<blockquote>« J'espère que la reine Elizabeth va vivre encore
longtemps. […] Mais je pense que [sa mort] sera probablement le moment
approprié pour une transition vers la république. »
</blockquote>
Des déclarations « de mauvais goût »
Julia Gillard a tout de même ajouté que « ce pays a beaucoup
d'affection pour la reine Elizabeth ». Mais dans cette grande île où
circulent une monnaie et des lettres frappées de l'auguste profil de la
monarque britannique, le sujet est sensible : en 1999, les Australiens
avaient rejeté à 55% le passage à la république lors d'un référendum.
Depuis, les travaillistes, revenus au pouvoir en 2007 après onze ans
de règne du libéral John Howard, ont toujours affirmé qu'ils
organiseraient un nouveau référendum.
Les déclarations de Gillard s'expliquent aussi par la personnalité de
son adversaire, le chef du parti libéral et 32e leader de l'opposition,
Tony
Abbott : né lui aussi au Royaume-Uni, ancien séminariste puis
journaliste, ce conservateur classé « social » fut patron du… mouvement
monarchiste Australians
For Constitutional Monarchy (ACM).
Sur le blog de l'ACM, un certain professeur David Flint trouve les
déclarations de Julia Gillard « pour le moins extrêmement de mauvais
goût », mais aussi « illogiques », puisque si une abolition de la
monarchie devait être décidée, ce devrait être « pour améliorer la
gouvernance, pas pour étendre le rôle de la classe politique ».
Soutenir la monarchie comme on respecte ses parents
Un journaliste du quotidien de Melbourne The Age rappelle une déclaration de Tony Abbott en 2008,
devant l'aile jeunesse du mouvement monarchiste. On mesure à quel point
les deux adversaires sont irréconciliables :
<blockquote>« Pour moi, soutenir la monarchie est aussi naturel que
respecter ses parents. C'est aussi évident qu'on ne modifie pas à la
légère son équipe de foot. »
</blockquote>
Le scrutin de samedi s'annonce très serré : proches dans les sondages
ces dernières semaines, Gillard et Abbott sont désormais séparés de 4
points, selon une étude publiée lundi. En faveur de la républicaine.
Comme quinze autres Etats indépendants dont le Canada, la
Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni, l'Australie a comme chef d'Etat
officiel Elizabeth II, chef
du Commonwealth.