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 Protéger le cerf pour le tuer, la schizophrénie du chasseur

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Chien Guevara
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Chien Guevara


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MessageSujet: Protéger le cerf pour le tuer, la schizophrénie du chasseur   Protéger le cerf pour le tuer, la schizophrénie du chasseur Icon_minitimeJeu 17 Fév - 2:23

Protéger le cerf pour le tuer, la schizophrénie du chasseur

Par Anthony Rescigno | Etudiant | 16/02/2011






Protéger le cerf pour le tuer, la schizophrénie du chasseur Chasse_cerfs_strasbourg_inside
Il y a des jours où l'on doit s'y reprendre à plusieurs lectures pour
comprendre un article, ou plus exactement son titre. J'ai cru tomber à
la renverse en lisant dans Le Républicain lorrain un article intitulé : « Les chasseurs dans la rue pour sauver le cerf des Vosges ».
Ils étaient 800 selon la préfecture (2 000 selon les organisateurs) à
manifester dans les rues de Strasbourg contre une décision de l'Office
national des forêts (ONF)
encore hypothétique d'augmenter de 40 à 70% les prélèvements (en
langage de chasseur : le quota d'animaux tués) de cerfs sur le massif du Donon dans les Vosges.
Les cerfs et leur descendance se nourriraient des jeunes pousses
d'épicéa et causeraient des problèmes pour la survie de la forêt, ou
plutôt celle de son exploitation. Pour une fois, les chasseurs ont
l'honneur de défendre un animal… mais pour quelles raisons ?
Haro sur l'ONF, la B.A. des chasseurs


En fait, l'ONF subit depuis plusieurs années une politique du résultat
imposée par ses dirigeants pour produire toujours plus de bois. Du
coup, la forêt est devenue un lieu où la rentabilité est le maître mot
et où les limites de l'exploitation sont souvent atteintes.
Sur le massif du Donon, la bête noire est le grand cerf qui y prolifère depuis des milliers d'années. Un observatoire
a même été mis en place en 1998 pour mieux contrôler l'animal sauvage
et gérer de manière adéquate sa population. A l'heure actuelle, les
cerfs mettraient en péril la pousse des épicéas et donc réduiraient les
profits réalisés à plus ou moins long terme par l'ONF, d'où une volonté
de réduire leur nombre sur le territoire en question.
Ce changement de politique de quota de chasse des cerfs est d'autant plus surprenant qu'un rapport
réalisé en 2008 par des chercheurs de l'Office national de la chasse et
de la faune sauvage (ONCFS) parlait d'une population de cerf stabilisée
et ne présentant pas une menace sur la sylviculture.
Il est difficile de ne pas être d'accord avec les chasseurs tant
leurs arguments sont rationnels : sauvegarder une souche animale
importante, préserver la place du cerf dans l'écosystème de la région.
Une argumentation louable mais empruntée aux défenseurs de la nature,
voire aux anti-chasse…
Les grands cerfs, amis ou ennemis des chasseurs ?



Des militants d'Alsace Nature, fédération de la biodiversité
alsacienne, ont ainsi défilé sous les mêmes banderoles que les
chasseurs. Mais comment les chasseurs en sont-ils venus à se mobiliser
pour ne pas augmenter leur quota de chasse dans les années à venir ?
On sait que par tradition, le cerf représente une belle prouesse
lorsqu'il est tué par un chasseur. On estime que plus ses bois sont
grands, plus le chasseur est louable d'avoir tué un des plus puissants
cerfs. Et effectivement, les cerfs qui ont les plus grands bois sont les
mâles dominants de leur groupe, ceux qui peuvent se reproduire avec les
femelles et qui sont aussi les meilleurs spécimens génétiques de leur
race.
Donc plus on chasse ces grands cerfs, moins on préservera un génotype
propice à conserver au mieux la race. Du coup, les chasseurs qui
s'opposent à l'augmentation des quotas de chasse pour protéger les cerfs
se mordent un peu la queue. On ne peut pas non plus s'empêcher de
songer à une peur pour les chasseurs de ne plus pouvoir autant chasser
si on élimine trop de prétendants à la reproduction.
Les portes des écoles ouvertes aux chasseurs


Cette schizophrénie des chasseurs peut s'expliquer par une tendance
en vogue dans toutes les fédérations de chasse : celle du chasseur
« éco-responsable ». En quelque sorte, le chasseur ne serait plus un
« viandard » armé jusqu'aux dents mais un citoyen soucieux d'entretenir
la nature de son pays en veillant à préserver un équilibre au sein de
ses forêts.
C'est ainsi que l'on a vu ces derniers temps fleurir une convention
signée entre le ministère de l'Ecologie et le ministère de l'Education
nationale afin de laisser des chasseurs donner des leçons sur la nature à
nos enfants au sein des établissements scolaires.
Une partie des associations de protection de l'environnement se sont
liées ces dernières années aux chasseurs, ce que dénoncent plusieurs
chercheurs du CNRS à la retraite dans un rapport datant de décembre dernier et nommé « Jusqu'où va l'emprise de la chasse sur la protection de la nature ? » :
<blockquote>« Les associations de protection de la nature et les
chasseurs ont entretenu des relations assez houleuses pendant longtemps.
Depuis une dizaine d'années, la situation a changé assez radicalement.
Pour des raisons à la fois stratégiques et financières, la LPO, FNE et le ROC […] ont adopté une politique de la main tendue vers le monde de la chasse, avec l'espoir de résultats meilleurs. »
</blockquote>
A la télé, des chasseurs qui ne tuent presque pas



Autre exemple : en novembre dernier, France 2 consacrait son
feuilleton quotidien du 13 heures aux différentes pratiques de la chasse
sur une initiative de la fédération nationale des chasseurs. Les
téléspectateurs auront vu qu'être chasseur, c'est compter les lapins la
nuit, rendre visite aux agriculteurs victimes des sangliers et parfois
tuer des animaux (en cinq reportages, seul un lapin a fait les frais de
leurs fusils ! ).
Les acteurs de la chasse qui ont aidé à faire ce reportage se sont
réjouis de l'image donnée par ces reportages, qui leur « permet
d'espérer de bonnes retombées pour l'image de la chasse. »
Ces actions s'inscrivent donc dans la même veine que cette
manifestation strasbourgeoise. Les chasseurs possèdent les moyens de
mobiliser leur troupe plus que ne sauraient le faire les associations
environnementales et avec un soutien médiatique que peu de groupes
possèdent.
L'Etat, par le biais du ministère de l'Ecologie, a trouvé dans les
fédérations de chasse un allié tout dévoué pour s'occuper des questions
de la nature. Et c'est peut-être là la raison la plus rationnelle à cet
élan (sans jeu de mot) pour sauver les cerfs du Donon.
Photo : le détail d'une gravure sur pierre au musée Meigle, en Ecosse (Kari's Kicks/Flickr/CC).
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