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 L ‘emprise de l’image, De Guantanamo à Tarnac , Jean-Claude PAYE

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L ‘emprise de l’image, De Guantanamo à Tarnac , Jean-Claude PAYE  Empty
MessageSujet: L ‘emprise de l’image, De Guantanamo à Tarnac , Jean-Claude PAYE    L ‘emprise de l’image, De Guantanamo à Tarnac , Jean-Claude PAYE  Icon_minitimeLun 31 Oct - 13:23

Dans son livre L ‘emprise de l’image, De Guantanamo à Tarnac , Jean-Claude PAYE articule critique juridique, politique et concepts de la psychanalyse. Il porte sur l’annulation de la fonction du langage au profit du règne de l’image .
Ce paradigme est propre à la post modernité et la « lutte antiterroriste » en rend compte. La question du langage apparaît actuellement comme une urgence. Il est nécessaire de se réapproprier ce territoire.

C’est une critique très radicale de notre société moderne et de ses dérives liberticides sous des justifications sécuritaires…
Le discours de la lutte « antiterroriste » opère un renversement de l’ordre juridique et politique. La mise en scène de l’abandon des droits de la défense ou de la fin de la séparation des pouvoirs atteste de ce retournement. Cette mise en avant exclusive de l’image nous engage cependant dans une transformation plus profonde, celle d’une mutation de l’ordre symbolique de la société, de ce qui fait de nous des « parlêtres ». La langue de la lutte antiterroriste assure le passage d’une société construite à partir de la primauté du langage (névrotique), à une société psychotique basée sur la prégnance de l’image.

Un individu devient terroriste, non pas pour avoir commis un acte déterminé, mais parce qu’il est montré comme tel . L’image du terrorisme est englobante. Elle dissous le caractère séparateur du langage. L’acte et l’organisation terroristes n’acquièrent une matérialité que comme objets du regard du pouvoir. Nous ne percevons plus ces objets, ce sont ceux ci qui nous regardent. Ils nous enferment dans la passivité, dans le laisser faire. Le fait que l’annulation de nos libertés prenne la forme de la loi nous indique qu’il s’agit avant tout d’obtenir notre consentement , de promouvoir la participation des citoyens à leur abandon. La loi est renversée en son contraire. Elle devient suppression de toute limite à la volonté de puissance du pouvoir.

Jean-Claude PAYE éclaire de son regard sociologique et psychanalyste trois affaires emblématiques de ce processus : « l’affaire de Tarnac », la prison de Guantanamo, et les procès des filières kamikazes et irakiennes en Belgique.

Quelques extraits :

L’affaire de Tarnac.

« Pendant le déroulement de l’affaire, un double discours est développé : il n’y a aucune preuve contre les inculpés, mais les coupables ne peuvent être que les personnes arrêtées.

Grâce à la subjectivation du droit pénal, les poursuites en matière de terrorisme ont pour base la formation d’une image destinée à diaboliser les inculpés. L’affaire Tarnac s’inscrit dans cette règle. Cependant, elle se spécifie par le caractère purement abstrait de l’image produite. Afin de poser sur eux un regard qui les désigne comme des « terroristes », c’est la notion « d’ennemi intérieur », que les inculpés ont d’eux-mêmes, qui est convoquée. À aucun moment n’apparaît un quelconque acte délictueux. »

« Diaboliser les prisonniers afin de faciliter leur condamnation, n’est que l’aspect secondaire de l’affaire. L’essentiel consiste dans le fait de nous placer dans un rapport intime avec le « réel » du terrorisme, de nous mettre dans une position d’accueil de ces images. Cette passivité est en fait activité, participation au laisser faire, au laisser montrer. »

« Ce qui spécifie la transformation du langage dans le cadre juridique et plus globalement dans toute la postmodernité, ce n’est plus le travail sur les mots, mais leur remplacement par des images. Le caractère englobant de ces dernières se substitue au caractère séparateur des premiers qui différencient, non seulement les objets entres eux, mais opèrent une distinction entre la chose et sa représentation. »

L’image se substitue au langage.
« Un tel niveau d’exploitation nécessite que les individus consentent à leur destruction, c’est à dire renoncent à leur existence, tout en jouissant de cet abandon. On continue à appeler démocratie cette recherche du consentement. La prégnance de la pulsion scopique répond à une exigence de renoncement à la conscience. Ainsi, les organisations humaines soumises à cette pulsion n’ont plus aucune dimension imaginaire. Or, c’est ce registre qui est le principe instituant de la société,[1] celui qui arrache l’homme à l’état de nature. »

« L’objectif de ces législations n’est donc pas de s’attaquer à des individus ou des groupes particuliers, ayant commis ou susceptibles de commettre des attentats. Il ne consiste pas dans le combat contre un quelconque ennemi intérieur ou dans la neutralisation d’opposants politiques. Il s’agit de signifier à l’ensemble des citoyens qu’ils sont entièrement déterminés par le regard que le pouvoir porte sur eux. »

« La généralisation de la détention préventive est devenue, en France, une des bases sur laquelle se réorganise le rapport entre le pouvoir et le citoyen. Il s’agit là d’une pratique devenue commune, par laquelle l’État signifie aux individus que, dans les faits, il remet en cause leur droit fondamental à disposer d’eux mêmes. »

« Si la détention préventive devient une pratique généralisée, l’explosion de la garde à vue est aussi à replacer dans ce cadre. Rien que pour 2008, on arrive au chiffre de 750.000 et même 900.000, selon les différentes sources[2]. La plupart des personnes ressortent sans que des poursuites soient engagées[3]. Dans la très grande majorité des cas, cette détention ne se justifie pas des conditions de sécurité ou pour les besoins de l’enquête. Si l’on couple ces éléments avec les conditions d’incarcération, il apparaît que ces procédures s’expliquent essentiellement par un besoin d’humilier les personnes interpellées et leur signifier, ainsi qu’à leur entourage, la précarité de leur existence face à la jouissance du pouvoir. »

« Ce mode opératoire consiste à confondre la perception et le regard. Il met en crise l’ordre des échanges du langage et de la parole. Le fétiche peut ainsi atteindre son but, la réalisation de l’idéal du pouvoir : porter l’effroi dans le regard du spectateur et ainsi empêcher toute symbolisation, toute représentation du réel. »

[1] Cornelius Castoriadis, L’institution imaginaire de la société, Seuil, 1975.

[2] Gérard Bon, « Le gouvernement dément « oublier » 300.000 gardes à vue », Le Monde avec l’agence Reuters, le 27 janvier 2010.

[3] « Le nombre de gardes à vue est minoré », Interview de Jean-Marie Delarue, contrôleur général des lieux de privation de liberté, Le Journal du Dimanche , le 19 décembre 2009.

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