Championnat du monde de jeux vidéo

Jeux vidéo : Les « Gamers », des sportifs comme les autres par Guillaume Daudin

Une équipe française face à une équipe brésilienne, une atmosphère surchauffée, des commentateurs en délire et de grands moments de bravoure... Non, nous ne retournons pas neuf années en arrière, car cette confrontation a pour héros français non pas Zidane mais « Blqcko », pro du joystick, et elle a vu le succès du Brésil sur un score de... 17-13.

Porte de Versailles à Paris se déroule jusqu’au dimanche 8 juillet la 5ème Coupe du Monde de jeux vidéos. Après une édition 2006 dans l’antre du Palais Omnisport de Paris Bercy, l'évènement, qui se présente ouvertement comme « LE spectacle du sport électronique », investit cette année le Parc des Expositions. Des adolescents qui agitent une souris, frappent leur clavier ou martyrisent leurs manettes, pour beaucoup c'est loin de ressembler à du sport. Pourtant, peu à peu les 750 joueurs qui s’affrontent tendent à être considérés comme des sportifs, tout particulièrement dans les pays asiatiques. Ainsi, ceux de l'équipe coréenne « eStro » nous ont indiqué qu'ils avaient tous un statut de joueur professionnel, avec sponsors et financiers. Certains, comme ceux de l'équipe indienne « ATE.I », touchent même un véritable salaire leur assurant, d'après leur manager, « une très bonne situation ».Pour la plupart des équipes toutefois, l'unique rémunération (hors défraiements) vient des gains acquis lors des tournois. Et ceux-ci ne sont pas négligeables : les vainqueurs du tournoi « Counter-Strike » (un jeu d’action par équipe) se partageront la coquette somme de 40.000 dollars. L'argent est donc de plus en plus présent dans ce sport. Nicolas Cerrato, manager de l'équipe « Goodgame », le confirme, constatant que « depuis quelques mois, on voit émerger un véritable marché des droits télés liés au sport électronique » aux Etats-Unis. L'argent empoché est réutilisé à des fins diverses. Les canadiens de l'équipe « Doctors » pensent s'en servir pour financer leurs études : ils ont pris, pour les besoins de la compétition, une année sabbatique.Quand le joueur devient professionnel, il dépasse souvent les 35 heures hebdomadaires. Même si les horaires sont décalés, avec des fins de journée au milieu de la nuit, cela correspond à une activité intensive. « Jenny » et « $hina », deux joueuses de l'équipe « Orbital » et jeunes étudiantes, s'exercent avec leurs partenaires cinq soirs par semaine, à raison de trois heures par soir, presque un minimum dans le milieu. Les équipes réalisent toutes, avant une importante compétition, un « bootcamp » (sorte de camp d'entraînement intensif) qui peut durer jusqu'à deux semaines afin de parfaire leur préparation physique et mentale. Les meilleures équipes suivent des séances de jogging, apprennent à gérer leur stress, maîtriser leur souffle ou à bien se nourrir. Les footballeurs de l'équipe de France lors du stage en altitude à Tignes passeraient presque pour des amateurs…Et comme dans tout sport, des stars focalisent l'attention. Ainsi, l'écurie française historique « Goodgame », créée en 2000, a vu son match contre les « mibr » (Made In BRasil) retransmis sur écrans géants, devant 5000 spectateurs, avec diffusion en direct sur la chaîne de télévision GameOne. A la fin de celui-ci, c'est une batterie de journalistes qui a assailli les joueurs pour les interroger sur leurs impressions d'après-match, et notamment la star du jour, « Blqcko », auteur d'une partie excellente. Car si les jeux en réseau sont populaires mais encore peu médiatisés en France, ils sont une pépinière de stars en Asie. Nicolas Cerrato explique cela par le fait « qu'en Corée du Sud, berceau du sport électronique, plusieurs chaînes diffusent des matchs en continu depuis des années ». En France, la médiatisation s'effectue à travers un cercle de plus en plus important d'initiés, par le biais de canaux tels que la chaîne GameOne, ou les sites communautaires comme « vossey.com » ou « cs-fusion.com ».Verra-t-on un jour les compétitions de Counter-Strike, Pro Evolution Soccer et consorts certifiées par le Comité international olympique ?

HOP HOP ...