Un ouvrier de l'usine PSA Peugeot Citroën de Mulhouse s'est donné la mort sur son lieu de travail lundi. C'est le cinquième suicide sur ce site et le sixième qui endeuille le constructeur automobile de puis le début de l'année. L'homme s'est pendu sans expliquer son geste mais déjà les syndicats dénoncent la pression psychologique et les conditions de travail.
Ce suicide est le cinquième que compte le site de PSA Peugeot Citroën à Mulhouse.
Nouveau suicide chez PSAC'est en début d'après-midi, lundi, que des ouvriers de l'usine Peugeot Citroën de Mulhouse (Haut-Rhin) ont découvert un de leur collègue pendu sur son lieu de travail, dans une partie de l'usine consacrée au stockage de pièces. L'homme, âgé de 55 ans n'a laissé aucune explication à son geste. Cet ouvrier travaillait depuis 29 ans sur le site mulhousien et était affecté au service logistique. Il ne faisait l'objet d'aucune sanction de la part de son entreprise. La direction générale de Peugeot-Citroën, établie à Paris, s'est déclarée "profondément touchée et choquée" par cet acte désespéré, le sixième au sein du groupe automobile depuis le début de l'année.
Aucune hypothèse n'est pour le moment privilégiée pour expliquer le suicide. Quatre autres employés de cette même usine de Mulhouse, qui comptent 10 500 salariés, se sont déjà donnés la mort durant les premiers mois de 2007. Un autre ouvrier s'était aussi suicidé à l'usine de Charleville-Mézière dans les Ardennes, fin février. Ce suicide intervient alors qu'un numéro vert et une cellule psychologique avaient été mis en place par PSA il y a quinze jours pour faire face aux précédents drames et prévenir de nouveaux. Les salariés sont en tous cas sous le choc après ce nouvel acte désespéré. Un comité d'hygiène et de sécurité s'est tenu mardi matin après une réunion extraordinaire sitôt le drame découvert.
"Quand le chef est sans cesse derrière à un moment ça ne va plus"
Ces suicides à répétition posent forcément des questions. Car même si l'homme n'a laissé ici aucune explication sur son geste, le dernier acte en date dans l'usine de Mulhouse avait révélé que les raisons personnelles n'étaient pas seules en cause. Au mois d'avril, un ouvrier de 51 ans avait été retrouvé dans les mêmes conditions, pendu. Les enquêteurs avait mis la main sur une disquette où l'homme avait confié ne plus supporter ses conditions de travail. De même, pour le suicide de Charleville-Mézières, l'homme avait laissé une lettre d'adieu où il dénonçait aussi ses conditions de travail.
Les syndicats sont en fronde et alertent plus globalement l'Etat sur le malaise social qui existe dans les usines. Sur l'antenne d'Europe 1, Marcel Merat, délégué central CGT, a dénoncé les conditions de travail et déploré le manque de communication. "Maintenant, les conditions de travail sont telles qu'on ne communique plus." Pour le syndicaliste, si les suicides sont dus bien souvent à des problèmes familiaux, ce qui pousse à l'acte réside dans le fait que "désormais on ne peut plus se raccrocher aux copains et au travail" comme par le passé. Marcel Merat n'est pour sa part pas étonné de cette recrudescence de drames au sein des entreprises. "Quand le chef est sans cesse derrière et que plane les menaces d'avertissement, à un moment ça ne va plus", a-t-il analysé sur Europe 1.
Ces suicides à répétition ne sont donc pas anodins. On peut d'ailleurs y ajouter les quatre employés qui se sont donné la mort dans les usines Renault depuis janvier pour grossir le morbide tableau et mesurer que le problème ne vient pas d'un seul site mais est plus global. Selon le Parisien, la caisse primaire d'assurance maladie (CPAM) avait même qualifié un de ces suicides "d'accident du travail". La CGT propose donc trois mesures afin d'éviter de nouveaux drames : la diminution de la pression psychologique au travail, la diminution de la cadence des chaînes et augmenter les temps de pause. Mais plus globalement pour les syndicats, il est plus que temps d'agir. En ce sens, ils demandent qu'une réunion nationale soit mise en place à la rentrée.
Lire mon article de dénonciation ici : http://www.e-monsite.com/forget/rubrique-1086637.html