Comment les fabricants alimentaires augmentent leurs prix en douce
Le magazine «60 millions de
consommateurs» à paraître jeudi révèle les pratiques de certains
fabricants de produits alimentaires pour camoufler les hausses de prix.
Effarant.
Prenez un biscuit «Prince» de Lu. Diminuez le poids du paquet de 330 grammes à 300 grammes, pour le même prix. Le consommateur n'y verra normalement que du feu. Le tour est joué.
Diminution du poids du produit, changement d'emballage ou même de recette, les fabricants de produits alimentaires rivalisent d'imagination pour
camoufler la hausse de leurs prix.
Le magazine «60 millions de consommateurs» à paraître ce jeudi révèle les divers procédés des marques alimentaires pour préserver — voire augmenter — leurs marges.
Et comme l'explique le mensuel, il faut «
être un consommateur sacrément avisé» pour remarquer ces pratiques. Même les statistiques officielles ont du mal à les détecter.
Hausse du prix des matières premièresUne des astuces les plus utilisées est
la cure d'amaigrissement du produit. Outre celle des biscuits «Prince»,
le magazine a remarqué que le fromage blanc «Jockey» de Danone avait
subi le même sort: 850 g contre un kilo ou les petits pots désormais à
90 g contre 100 g auparavant. Pour le même prix, évidemment. Les barres
chocolatées Mars avaient eu la même idée quelques mois plus tôt, relève
le mensuel.
«
Au début de l'année, tout le monde a cogité pour anticiper les hausses des matières premières» comme le blé et le lait, raconte un chef de produit de l'industrie agroalimentaire, cité dans l'enquête.
Une autre stratégie consiste à changer l'emballage, un procédé qui «
ouvre la voie à de très jolies augmentations pour le client»,
souligne le mensuel. Des chewings-gums vendus chez Aldi sous la marque
Feel Free sont ainsi passés de 13,75 à 20,73 euros dans leur nouveau
conditionnement.
Changer la recetteLa troisième méthode, «
probablement la plus pernicieuse»,
est la modification de la recette. Surtout utilisée pour les premiers
prix ou le hard discount, elle consiste à remplacer des ingrédients
onéreux par des matières premières moins chères.
Interrogé par l'AFP, Jean-René Buisson, président de l'Association nationale des industries alimentaires (Ania), s'est dit «
réticent sur la qualité des enquêtes» du magazine. Pour lui, les consommateurs «
acceptent de payer plus cher des produits qui ont une vraie valeur ajoutée ou une valeur nutritionnelle supérieure» à celle du produit précédent. La Fédération du commerce et de la distribution (FCD) ne commentait pas lundi cette enquête.