Faut-il autoriser les médicaments boostant notre cerveau? AFP/HO/Frédy-Monfort/Sainte-Anne/Archives ¦
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de cerveaux obtenues par IRM en juin 2007. A gauche, un patient sain, à
droite, un patient atteint de la maladie d'Alzheimer Tous les trois mois, elle remet ça. En plein
finals (partiels), tandis que certains étudiants carburent au régime café/clope/redbull, Jennifer
(1) tourne à l’Adderal et au Provigil, deux médicaments qui aident à la concentration et à rester éveillé.
Légalement, ils sont réservés à ceux qui souffrent de troubles de l’attention, uniquement sur prescription. Pourtant, Jennifer, en 3
e année de biochimie à l’Université de Californie de San Diego,
l’explique: «S’en procurer sur le campus est facile. Il suffit de
connaître quelqu’un en médecine.» Sans ce coup de pouce, elle estime
qu’elle ne pourrait «jamais enchaîner les nuits presque blanches à la
bibliothèque de la fac». Les effets secondaires ou les risques
d’accoutumance l’effraient «un peu». Mais moins que ne pas être
acceptée en école de médecine.
C’est dans ce contexte d’une consommation sous le manteau en plein
boom de ce genre de molécules que sept scientifiques et experts de
questions éthiques ont publié dimanche une tribune dans la revue Nature. Ils appellent à «autoriser un usage responsable des substances boostant l’activité cognitive, même pour les non-malades».
«Pas un gros mot» Selon eux, «il faut commencer par faire évoluer les mentalités et combattre l’idée que le terme
enchancement(amélioration) est un gros mot». Avec «la prudence et la précaution
nécessaires», ils estiment que «dans un monde où la durée de vie et du
travail augmentent, ces outils pourraient améliorer notre qualité de
vie et notre productivité».
Dans un débat sur le site du magazine Wired,
un internaute témoigne: «sous Adderal, je réfléchis plus vite. Mes
idées plus claires. Sans, je suis frustré d’avoir l’impression de
n’utiliser mes capacités qu’à moitié.»
Débat philosophie et éthique En avril dernier, Nature avait réalisé un sondage: 20% (en grande
majorité issus de la communauté scientifique) confessaient avoir
parfois recours à ce type de drogue. Pourtant d’autres y sont
farouchement opposés. «C’est un beau papier pour vendre des médicaments
à ceux qui sont en bonne santé», confie à AP Leigh
Turner, du centre pour la bioéthique de l’université du Minnesota.
D’autres critiques soulignent les effets secondaires, incluant des
risques de dépression.
Au-delà, le débat est avant tout de nature philosophique. Si la
chirurgie esthétique et le viagra sont acceptés, notre cerveau doit-il
être
off-limit quand des maladies dégénératives type
Alzheimer sont un fléau? Ajoutez les progrès possibles via les
biotechnologies. Le risque décrit dans certains romans d’anticipation,
d’une société coupée en deux, entre une élite sur/post humaine et les autres, guette-t-il?