La journée de mobilisation de jeudi en France a-t-elle été un succès ? Un grand succès ? Un immense succès ? C'est selon. Il y a eu deux millions et demi de manifestants selon les syndicats, un million et des poussières selon la police. Que faut-il en déduire ? Selon toute apparence, les calculettes des uns et des autres ne sont pas du même modèle. Même à Marseille, où l'on a toujours aimé les chiffres précis et évité les exagérations, c'est le grand écart : il y a eu 24 000 manifestants selon la police et 300 000 selon les syndicats.
Le taux de grévistes, au moins, pourrait faire l'unanimité. Mais non ! A Bègles (Gironde), des électriciens consciencieux, appelés à réparer une ligne après la tempête, affichaient sur leurs camionnettes : "En grève mais au travail". Etaient-ils en grève ou au travail ? C'est selon.
A Saint-Lô, le 12 janvier, Nicolas Sarkozy avait été accueilli par les sifflets de 2 000 manifestants selon la police, 4 000 selon les organisateurs. Le préfet de la Manche et le directeur départemental de la sécurité publique viennent d'être relevés de leurs fonctions. On s'interroge : fait du prince ou caprice présidentiel ? C'est selon.