Iran: La France dans les pas de Bush
Alors que Barack Obama s'est montré d'une grande prudence dans ses
réactions aux élections iraniennes, partisan d'un dialogue inéluctable
avec l'Iran, la France a opté pour l'intransigeance, s'inscrivant dans
les pas de Bush, au risque de braquer le pouvoir et la rue iranienne.
Bush parti,
il fallait bien quelqu’un pour incarner l’intransigeance, sinon
l’aveuglement diplomatique, propre à l’ancienne administration
américaine. Obama aurait pu s’enfermer dans ce rôle là. Sur l’Iran, il s’en est fallu de peu.
Fmais finalement le président américain a préféré la politique de la
main ferme mais tendue, faisant preuve d'une extrême prudence —
d'ailleurs dénoncée par les républicains américains. Pour ne pas être
accusé d'ingérence dans les affaires de la République islamique, il a
souligné son respect de la « souveraineté » iranienne et s'est interdit de se prononcer sur l'existence d'une fraude généralisée.
C’est donc la France qui a tenu ce rôle-là. Sarkozy dénonçant, dans un premier temps, la fraude électorale et une réaction « brutale » et « totalement disproportionnée » du pouvoir iranien. Puis Kouchner, réaffirmant la position très critique de la France vis à vis du pouvoir iranien : «
Oui nous pensons que l'ampleur de la réaction populaire (...) et de la
répression contre ses manifestations est telle que quelque chose s'est
passé, nous en sommes convaincus », a –t-il souligné sur RTL. D'après le ministre des Affaires étrangères, même «
certains ayatollahs dénoncent les résultats et ne veulent pas [les]
reconnaître. Nous voulons que le peuple iranien parle, il est en train
de s'exprimer ».
La France expose ainsi clairement son
refus de légitimer le régime iranien. Ce faisant, elle se prive de
toute possibilité de dialogue futur : les autorités iraniennes ne
manqueront pas de lui faire payer son arrogance en temps utiles. Déjà
lundi, des manifestants pro-Ahmadinejad ont pu s'approcher du bâtiment
de l'ambassade à Téhéran en criant des slogans hostiles à la France,
sans être inquiétés par la police iranienne.
Moussavi: véritable alterntative ou simple écran de fumée ?
Après 30 ans de fiasco diplomatique, Obama préfère rebattre les cartes
dans la région. Conscient qu’à trop diaboliser Ahmadinejad, les risques
sont grands et multiples: conforter son pouvoir, froisser Téhéran, et
se mettre la une partie de la diaspora iranienne à dos :
« Bien qu’un ferment étonnant se mette en place en Iran, il est
important de comprendre que la différence, en termes de politique
réelle, entre Ahmadinejad et Moussavi pourrait ne pas être aussi grande
que ce qui a été dit », a déclaré le président américain à la chaîne CNBC refusant de s’interdire de « traiter avec un régime historiquement hostile aux Etats-Unis », quelqu'en soit son président.
Une différence de positionnement stratégique avec les européens résumée par le géographe et spécialiste de l’Iran, Bernard Hourcade, interrogé par leJDD.fr, : «
Les Etats-Unis ont compris que l'Iran existait et qu'il fallait faire
avec. Il s'agit d'une différence fondamentale avec les pays européens -
et la France notamment - qui considèrent que le dialogue avec l'Iran
passe par un changement de régime ». Audacieux, très audacieux,
surtout quand il n’y a à proprement parler pas d’alternative.
Ahmadinejad et Moussavi sont des enfants de Khomeini.