Le chanteur Bertrand Cantat est sorti de prisonNOUVELOBS.COM Le chanteur a quitté le centre de détention des Murets vers 0h15 pour rejoindre son domicile dans les Landes. Il avait été condamné en 2003 à huit ans de prison pour coups mortels contre Marie Trintignant.
Bertrand Cantat dans une voiture à sa sortie de prison (AP)Le chanteur du groupe Noir Désir, Bertrand Cantat, qui est sorti du centre de détention de Muret (Haute-Garonne), a rejoint son domicile de Moustey (Landes) dans la nuit et aspire à "un minimum de tranquillité" pour se reconstruire, a déclaré mardi 16 octobre le batteur Denis Barthe devant la presse.
En compagnie de deux gardiens privés, d'une attachée de presse du groupe et de Xavier Cantat, frère du chanteur, Denis Barthe s'est brièvement exprimé devant des journalistes, qui attendaient à proximité de la maison.
"Bertrand a été libéré hier soir. Il aspire à un minimum de tranquillité, voire un maximum, parce qu'il a besoin de se reconstruire", a-t-il dit. Evoquant la sortie de prison du chanteur, il a expliqué qu'"on a essayé de faire les choses le plus simplement possible". "Il faudra le laisser vivre", a-t-il poursuivi.
"Il n'a bénéficié d'aucun privilège"Concernant les conditions de détention de Bertrand Cantat, le musicien a souligné qu'"il n'a bénéficié d'aucun privilège, sa personnalité de chanteur de Noir Désir a plutôt été un désavantage".
Interrogé sur l'avenir du groupe, Denis Barthe a rappelé que le contrat chez Barclay avait été prolongé "il y a deux ans", précisant cependant que "pour le moment aucun mot, aucune note d'une future composition" n'ont été créés.
Quant à l'envie de rejouer ensemble: "Oui, ce serait curieux que ce soit autrement", a-t-il déclaré.
Quatre ans de prison sur huitBertrand Cantat, qui a purgé quatre des huit ans de réclusion auxquels il a été condamné pour les coups mortels portés à sa compagne l'actrice Marie Trintignant, a quitté, dans la nuit de lundi à mardi, le centre de détention dans un monospace de marque Mercedes conduit par Denis Barthe.
Le véhicule avait pénétré dans l'enceinte de l'établissement pénitentiaire dix minutes auparavant avec à son bord, assis côté passager, Xavier Cantat.
"Conduite correcte"Le juge d'application des peines de Toulouse a accordé lundi une libération conditionnelle.
Le procureur de la République de Toulouse Paul Michel a précisé lors d'une conférence de presse lundi que cette libération conditionnelle "a été octroyée dans des conditions de stricte égalité par rapport aux autres détenus, en se conformant strictement à la loi".
Le représentant du parquet a précisé "les motivations de cette libération", à savoir "les garanties de réinsertions professionnelles et familiales présentés par Bertrand Cantat et d'autre part, "la conduite correcte" et les "efforts sérieux de réadaptation sociale" du chanteur qui a "exercé une activité pendant deux ans d'auxiliaire à intérieur de l'établissement pénitentiaire".
Le procureur Paul Michel a rappelé que Bertrand Cantat avait versé une indemnisation à deux des enfants de Marie Trintignant, qui en avaient formulé la demande, à hauteur de 100.000 euros.
"Deux obligations spécifiques"
En ce qui concerne la personnalité de Bertrand Cantat, "le juge a précisé qu'il n'y avait pas d'élément contre-indiquant la sortie de Cantat dans le cadre d'une libération conditionnelle", a encore souligné le procureur de la République. Il a expliqué que "la libération conditionnelle a pour objet d'éviter la récidive et de favoriser la réinsertion du condamné" et que le chanteur de Noir Désir "remplissait ces conditions".
Au-delà des obligations générales de la libération conditionnelle telle que l'obligation de répondre aux convocations du magistrat ou du travailleur social désigné pour suivre la mesure, Bertrand Cantat devra se soumettre "à deux obligations spécifiques". Il devra poursuivre "la prise en charge psychothérapeutique suivie en milieu carcéral" et "s'abstenir de diffuser tout ouvrage ou œuvre audiovisuelle dont il serait l'auteur ou le co-auteur et qui porterait, en tout ou partie, sur l'infraction commise" et de s'abstenir en outre de toute intervention publique relative à cette infraction.
Le juge a également ordonné, sur demande du parquet, la prolongation de la période probatoire pour la durée maximale d'un an prévue par la loi. Bertrand Cantat reste donc soumis aux mesures de contrôles jusqu'au 29 juillet 2010.
Pas de retour sur scène envisagé dans l'immédiatLe magistrat chargé du suivi de la mesure de libération conditionnelle est la juge d'application des peines de Mont-de-Marsan (Landes) où le chanteur de 43 ans est domicilié.
En septembre dernier, l'avocat du chanteur, Olivier Metzner avait déclaré que s'il était libéré, son client, présenté comme "un détenu exemplaire" par l'administration pénitentiaire, "ne remonterait pas sur scène rapidement et qu'il n'y aurait pas de spectacles avant des mois et des mois".
Emprisonné tout d'abord à Vilnius, Bertrand Cantat avait été transféré le 28 septembre 2004 au centre de détention de Muret pour y purger le reste de sa peine. Il a bénéficié de plusieurs permissions de sortie.
Nadine Trintignant opposée à la libérationLe leader du groupe bordelais qui avait été condamné à huit ans de réclusion par le tribunal de Vilnius (Lituanie) en mars 2004 pour "violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner" de l'actrice Marie Trintignant, a purgé la moitié de sa peine fin juillet 2007 et a pu à ce titre demander une remise de peine.
Dans la nuit du 26 au 27 juillet 2003, en Lituanie, en fin de tournage d'un téléfilm sur la vie de Colette dont Marie Trintignant tenait le rôle principal, une violente altercation avait éclaté entre le chanteur et sa compagne. L'actrice était décédée le 1er août 2003.
Dans une lettre adressée au juge d'application des peines, la réalisatrice Nadine Trintignant, la mère de Marie Trintignant, s'était opposée à la libération conditionnelle de Bertrand Cantat, craignant qu'elle "n'apparaisse comme tristement significative pour tous ceux qui luttent pour que soient enfin justement sanctionnées les violences faites aux femmes".