Celui-là, je le trouve assez pertinent :
Face à la démocratie aéroportée : La Syrie dernier verrou avant l’Iran Chems Eddine CHITOUR
« La
guerre est un fruit de la dépravation des hommes ; c’est une maladie
convulsive et violente du corps politique ; il n’est en santé,
c’est-à-dire dans son état naturel, que lorsqu’il jouit de la paix ». -
Denis Diderot Extrait de L’Encyclopédie
Dernier partie du scénario diabolique concocté dans les officines
occidentales, pensant maintenant que le régime va tomber comme un fruit
mûr, Les Etats-Unis et l’UE appellent Bachar Al-Assad à la démission
’L’Union européenne note que Bachar Al-Assad a perdu toute légitimité
aux yeux du peuple syrien et qu’il est nécessaire pour lui de quitter le
pouvoir’, a déclaré Mme Ashton. Dans l’intérêt du peuple syrien, le
temps est venu pour le président Assad de se retirer’, explique M. Obama
Les ’graves violations des droits de l’homme’ en Syrie contre les
manifestants’pourraient relever de crimes contre l’humanité’, a indiqué
jeudi 17 août un rapport du Haut-Commissariat aux droits de l’homme de
l’ONU.
Nous allons rapporter quelques informations alternatives sur la
réalité de ces manifestants pacifiques Auparavant, quelques flash sur la
mosaïque des ethnies et confessions en Syrie. Les minorités non arabes
les plus importantes sont les Kurdes, habitant essentiellement le long
de la frontière turque (8 %) au nord, et les Arméniens, qui vivent dans
le Nord, surtout dans les grandes villes (2,8 %) La Syrie compte une
douzaine de langues. Le pays est musulman à 90 % (dont les Kurdes), avec
des minorités chrétiennes. La plupart des Syriens sont des sunnites
(env. 70 %), mais certains sont de rite chiite, ismaélien ou alaouite.
La Syrie compte aussi des druzes professant une religion musulmane
hétérodoxe ; Comme tous les chiites, les druzes, ismaéliens et alaouites
constituent des sous-groupes particuliers du monde musulman. Les autres
Syriens non musulmans sont chrétiens, soit catholiques,
grecs-orthodoxes ou arméniens-orthodoxes, mais on compte aussi un
millier de juifs. C’est donc sans conteste toutes les langues et toutes
les religions du Moyen Orient qui tiennent grâce à un équilibre subtil
–qui risque de voler en éclat- qui a été précédé par des siècles
d’instabilité notamment depuis l’ingérence occidentale dans la Syrie
ottomane souvenons nous du concept de protection des minorités cher à la
France et ceci en vertu d’une promesse de Saint Louis à l’évêque Maroun
( les Maronites ) il y a de cela près de huit siècles !
Pour l’histoire, en attisant les tensions religieuses l’Angleterre et
la France ont mis en coupe réglée l’empire ottoman dont la Syrie était
une province depuis 1516. Au cours de l’automne 1917, le général Sir
Edmund Allenby a envahi la Palestine et, le 11 décembre, lui et ses
officiers sont entrés dans la ville sainte de Jérusalem par la porte de
Jaffa. Le Premier ministre, Lloyd George, considérait cela comme un
cadeau de Noël et écrivit que la chrétienté avait repris « possession de
ces lieux saints ». Le général français, Henry Gouraud, entra à Damas
en juillet 1920. Après avoir frappé sur le tombeau de Saladin, Gouraud
s’écria : « Réveille-toi Saladin, nous sommes de retour. Ma présence ici
consacre la victoire de la croix sur le croissant. » Après la mise à
mort de l’Empire Ottoman, par les accords de Sykes Picot la France
s’adjudja la Syrie dont elle fit un protectorat de 1920 à 1941.
La réalité du terrain : Pacifistes ou rébellion armée ? On parle de militants pacifistes. Qui sont ils ? Ces manifestants
manifestent mais dans le même temps, on parle de subversion. Il est vrai
qu’il y a des manifestations dans certaines villes, qu’il y a des
morts, que l’armée est intervenue. Les médias aux ordres attribuent cela
à l’armée. Ce qu’ils ne disent pas, c’est qu’il y a une rébellion
soutenue par l’extérieur C’est une vraie guerre entre les forces armées
syriennes et c’est que le pouvoir appelle les « hors-la loi ».
Pour le représentant russe auprès de l’Otan « L’OTAN planifie en ce
moment une campagne militaire contre la Syrie afin d’aider à renverser
le régime du président Bachar al-Assad avec comme objectif à longue
échéance de préparer une tête de pont dans la région pour l’attaque
contre l’Iran« . Dimitri Rogozin, délégué de la Fédération de Russie
auprès de l’OTAN. Rogozin commentait, vendredi 5 août dans le quotidien
moscovite Izvestia, la condamnation par le conseil de sécurité de l’ONU,
deux jours plus tôt, de la répression violente en Syrie « Le noeud
coulant autour de l’Iran se resserre. Des préparations militaires contre
l’Iran sont déjà en cours de réalisation » affirme Rogozin, pour qui
l’OTAN n’a pour but que d’intervenir contre les régimes « dont les vues
ne coïncident pas avec celles de l’Occident. » (1)
Pour Michel Chossudovsky Des développements récents en Syrie
indiquent qu’il s’agit d’une insurrection armée à part entière, intégrée
par des mujahideen, islamistes (« Freedom Fighters »), appuyés,
entraînés et équipés par l’OTAN et le haut commandement de la Turquie.
Selon des sources du renseignement israélien : Entre-temps, le quartier
général de l’OTAN à Bruxelles et le haut commandement turc dressent des
plans pour leur première étape militaire en Syrie, laquelle consiste à
munir les rebelles d’armes pour combattre les chars d’assaut et les
hélicoptères constituant le fer de lance du régime Assad pour réprimer
la dissidence. Afin de repousser les forces armées gouvernementales, les
stratèges de l’OTAN pensent davantage à répandre de grandes quantités
d’antichars, de roquettes antiaériennes, de mortiers et de mitrailleuses
lourdes dans les centres où ont lieu les contestations, au lieu de
répéter le modèle libyen de frappes aériennes. (…) L’OTAN et le haut
commandement turc envisagent également le développement d’un djihad
impliquant le recrutement de milliers de mujahideen (« Freedom
Fighters », ce qui évoque l’enrôlement de moudjahidines pour mener le
djihad (guerre sainte) de la CIA à l’âge d’or de la guerre
soviéto-afghane. (2)
Nous voilà avertis, on appréhende un peu mieux la nature du mouvement
pacifiste syrien et les 2000 morts dénombrés dont 400 des forces de
sécurité n’ont pas interpellés les médias aux ordre quant à la mort
bizarre de 400 militaires de la main de pacifistes désarmés.
La boite de Pandore des conflits interconfessionnels et ethniquesDeux témoignages de personnalités religieuses nous permettent de
situer avec clarté les enjeux d’abord la lettre ouverte du professeur
Zehlaoui prêtre Arabe de Syrie à Monsieur Alain JUPPÉ Ministre des
Affaires Étrangères de la France et ensuite celle d’une mère supérieure
d’un Couvent. Le Prêtre arabe de Syrie, écrit : « je viens d’apprendre à
l’instant votre déclaration aux États-Unis, touchant la légitimité de
notre Président de la République. En tant que syrien, je ne puis rester
silencieux face à une telle ingérence dans les affaires de mon pays. (…)
Laissez-moi vous dire, au nom des millions de victimes que l’Occident a
écrasés depuis des siècles, qu’il est grand temps de cesser de jouer
les monstres à face humaine, et de piétiner tous les droits des autres
peuples, au point de détruire leur existence même, comme vous vous êtes
plu à le refaire en Irak, en Iran, en Afghanistan, Pakistan, dans toute
l’Afrique, notamment en Lybie ».
« Démontant les raisons de cet acharnement il écrit : « Pour en
revenir à la Syrie, oubliez-vous que le but dernier de toutes les
manœuvres politiques, diplomatiques et séditieuses, menées contre la
Syrie, depuis plus de deux mois, a été insolemment dévoilé par la
conseillère au Pentagone, Mme Michèle Flournoy ? D’ailleurs, elle était
tellement assurée de la réussite prochaine du complot mené contre la
Syrie, qu’elle avait publiquement déclaré que la Syrie retrouverait tout
son calme, le jour où elle romprait avec l’Iran et le Hezbollah, et
signerait un traité de paix avec Israël ! Auriez-vous déjà oublié, en
France et en Europe, le grand honneur que vous a valu la Résistance à
l’occupation nazie ? (…) laissez-moi vous dire, en tant que simple
citoyen syrien, que la Syrie n’acceptera jamais de tourner le dos au
devoir vital de défendre son existence propre, d’abord contre
l’occupation israélienne, ensuite contre le danger mortel que constitue
le Sionisme, pour toute la nation arabe. Cependant, il semble que
l’Occident tient à rester l’Occident, alors qu’il ne l’est plus. … C’est
pourquoi, tout en piétinant tous les droits, comme vous cherchez à le
faire en Syrie, vous n’avez jamais éprouvé la moindre honte à prétendre
toujours être dans votre droit. Car le fort ne se trompe jamais !
Décryptant les relations Occident –Israël, le professeur Zahlaoui (…)
Les représentants de l’Occident, surtout ceux des États-Unis, se
pavanent comme des lions. Ils se permettent toutes sortes d’ingérences,
allant jusqu’à détruire des pays entiers, de fond en comble. Mais dès
qu’il s’agit d’Israël, tous les pays occidentaux sans exception, des
plus ’grands’ aux plus ’petits’, les États-Unis en tête, deviennent rien
moins que des néants. Des néants aveugles, sourds et muets ! Et
pourtant, même les sondages faits en Europe reconnaissent qu’Israël est
l’État terroriste par excellence. Et Israël est resté fidèle à
lui-même : tueur, voleur, guerrier, féroce, arrogant, raciste,
expansionniste et exterminateur. Pourtant les juifs ont toujours été
bien traités en pays arabes et musulmans. Leurs historiens sont assez
honnêtes pour le reconnaître. Mais ils ont trouvé moyen de faire payer
la terrible facture de l’antisémitisme occidental et de l’holocauste
nazie, à tous les peuples arabes et musulmans, dont ils avaient, depuis
Ben Gourion, calculé la destruction, tout en imposant un Holocauste de
60 ans déjà, aux arabes, chrétiens et musulmans, de Palestine » (3).
Même témoignage poignant de Mère Agnès-Mariam de la Croix Supérieure
du couvent de Saint Jacques l’Intercis, en Syrie. Elle pointe du doigt
la manipulation de l’information : « La Syrie est notre patrie
d’adoption. (…) Il est impératif d’être bien renseignés sur une
situation donnée pour pouvoir se positionner en conséquence. (…) Car
aujourd’hui en Syrie, pour être bien renseigné, il ne suffit plus de
suivre les nouvelles servies par les chaînes satellitaires
internationales. Nous l’avons constaté sans cesse : la réalité qui se
vit ici est différente de ce que transmettent les médias. Ces chaînes
n’accompagnent pas l’évènement, elles le précèdent pour le provoquer.
Heureusement, de plus en plus de gens accusent cette information de
parti pris et de falsification. Nous avons essayé de nous documenter en
temps réel en téléphonant à des proches sur les lieux mêmes des
incidents décrits : la situation ressemblait plus à ce qu’en disait la
télévision syrienne qu’à celle propagée par Al Jazzirah, BBC ou France
24, Al Hurra ou Al Arabia à travers des montages et autres compilations
audio-visuelles mensongères et de mauvaise qualité (…) Les slogans
faussement humanitaires anesthésient la conscience des auditeurs et
favorisent le glissement vers une logique vindicative aveugle qui, somme
toute, ne sert que la cause de l’injustice. (…) (4)
Mère Agnes –Mariam met les choses au point concernant la nature
réelle de la protestation « pacifique » Aujourd’hui, écrit elle il ne
fait aucun doute qu’il y a ingérence étrangère, refusée fièrement par
une partie de l’opposition. Aujourd’hui il ne fait aucun doute que
l’opposition s’est muée en divers endroits en une insurrection armée qui
commet des atrocités contre la population civile et contre les forces
de l’ordre et l’armée. Enfin, aujourd’hui, l’exacerbation du clivage
confessionnel est une triste réalité. Ces trois facteurs convergent pour
réanimer le spectre de l’affrontement interconfessionnel, voire de la
guerre civile. (…) Ahuris nous assistons à un stratagème destructeur :
telles grandes puissances, à grand renfort d’endoctrinement médiatique,
jouent sur la corde du fondamentalisme religieux pour mettre en relief
les différences qui séparent alors que les points communs qui unissent
sont bien plus nombreux. (…) La visite des ambassadeurs US et français à
Hama a été vécue chez nous comme une démarche injustifiable. (…) » (4)
La Mère Supérieure s’interroge ensuite sur le pourquoi de la
manipulation : « Pourquoi les Occidentaux encouragent-ils une
insurrection armée, confessionnelle et fondamentaliste de surcroît, qui
risque de s’étendre comme une tache d’huile ? De son côté le Patriarche
maronite Mar Béchara Boutros Raï a une lecture plus globale de la
situation. Il dénonce le « projet du Nouveau Moyen-Orient qui est à
l’œuvre pour morceler le monde arabe dans le but qu’Israël vive en paix
en en sécurité ». La tendance mondialiste qui prévaut c’est de
promouvoir le choc des civilisations pour asseoir la légitimité des
regroupements ethniques ou confessionnels qui, à leur tour, légitiment
l’existence d’Israël. La Syrie vit depuis des mois des coups d’État
larvés car ce remodelage ne peut être instauré sans la force des armes.
L’insurrection armée en Syrie est une tumeur inoculée qu’on cherche à
faire crever un peu partout dans le pays au gré des clivages
confessionnels ou tribaux, avec son cortège de haine, de vengeances, de
victimes et de désastres socio-économiques. (...) La majorité des
musulmans et des chrétiens syriens se sont d’abord tenus à l’écart du
mouvement de contestation pour diverses raisons, puis ils l’ont
boycotté, et enfin certains s’y sont opposés.
Nous sommes cœur et âme avec les justes revendications de tout
citoyen pour la liberté civique, la fin du totalitarisme d’État et de la
corruption. Nous souhaitons la démocratie, l’impartialité de la justice
et des réformes économiques et sociales conséquentes. Mais nous sommes
conscients – et c’est là où nous nous heurtons à beaucoup
d’incompréhension - que ces revendications peuvent devenir un cheval de
Troie pour diverses entités nationales ou politiques afin de provoquer
une déstabilisation dangereuse à partir de clivages confessionnels et
claniques très subtils. (…) » (4)
Elle conclut enfin à la nécessité de l’autocritique tout en affirmant
que le Baath a réussi à maintenir un subtil équilibre entre les
confessions : « Mais la Syrie est loin de l’effondrement. Les foyers
d’où l’on cherche à attiser les antagonismes confessionnels sont isolés
et contrôlés, parfois au prix du sang lorsqu’il y a une résistance
armée, au fur et à mesure que la population prise en otage fait appel à
l’armée. Le peuple syrien est composite : sunnites, alaouites, chiites,
chrétiens, druzes, arabes, kurdes, turkmènes, caucasiens, et j’en passe.
Il n’est pas facile de maintenir une telle mosaïque dans la cohérence
et la paix civile. Le parti Baath l’a obtenu en respectant les règles
qui président aux structures tribales et claniques de l’Orient.
Cependant ce régime était totalitaire et corrompu. Aujourd’hui une saine
autocritique est à l’œuvre publiquement et des lois sont promulguées,
obtenues par une saine opposition, pour les réformes souhaitées. Nous
préférons cette voie tant qu’il y a de l’espoir. (4)
L’ouverture de cette boite de Pandore amènera le chaos, c’est un
second Irak qui se profile à l’horizon avec son cortège de malheur de
douleur et de détresse pour les Syriennes et les Syriens.. Tous les pays
arabes attendent leur tour.. Si l’Occident était de bonne foi, il
accompagnerait Bachar Al Assad dans son programme de réformes, les
élections, le multipartisme... Les Occidentaux veulent changer la carte
du Moyen-Orient pour la rendre favorable à Israël. Il faut savoir
qu’Israël est en train de construire un mur dans le Golan, comme celui
de la bande de Gaza. Cela veut dire que c’est une annexion définitive
des territoires syriens. L’Occident ne veut plus de ce régime syrien
qui, il faut le savoir est le dernier domino avant la « normalisation de
l’Iran » On peut penser que plus rien ne peut arrêter la dynamique
d’effritement des anciens pouvoirs arabes. Si la Syrie est démantelée
elle ne sera plus comme avant, les suivants d’El Assad accepteront une
partition des Kurdes qui rêvent avec leur frères Irakiens et Turcs
d’avoir leur Etat. La Turquie est de ce fait, visée. L’Iran aussi.
Sombres jours pour les pays vulnérables. (5)
Professeur Chems Eddine Chitour
Ecole Polytechnique enp-edu. dz