L'affaire NKM a beaucoup occupé mercredi 9 avril les esprits et les écrans. Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d'Etat à l'écologie, a vécu une journée assez pénible puisqu'elle a dû présenter ses excuses à ses petits camarades de l'UMP qu'elle avait précédemment traités de "lâches". Elle a été privée de dessert puisqu'elle n'ira pas au Japon avec François Fillon. C'est la seule sanction qui lui a été infligée.
On en rit ? On va le faire, mais pour ceux qui ont manqué cette journée, on résume à grands traits. Le Monde publie, mercredi après-midi, des propos tenus mardi par la secrétaire d'Etat. Celle-ci est ulcérée par la façon dont la loi sur les organismes génétiquement modifiés (OGM) a été discutée au Parlement et s'apprête à être votée. "Il y a un concours de lâcheté et d'inélégance entre Jean-François Copé, qui essaye de détourner l'attention pour masquer ses propres difficultés au sein du groupe, et Jean-Louis Borloo, qui se contente d'assurer le minimum", dit-elle. Rappelons que le premier est président du groupe UMP à l'Assemblée nationale et que le second, en tant que ministre de l'écologie, exerce théoriquement sa tutelle sur la jeune secrétaire d'Etat. Les intéressés découvrent dans notre journal ce que la jeune femme pense d'eux. Sont-ils surpris ? Oui ! Meurtris, même. Ils ont un coeur eux aussi, et le font savoir, surtout Jean-François. Ils vont pleurer auprès du premier ministre, qui est chargé, une fois de plus, de réparer des fautes qu'il n'a pas commises. Pour abréger, le vote de la loi sur les OGM a lieu mercredi sans NKM. On pouvait voir la scène dans les journaux télévisés du soir. Une place vide sur le banc des ministres. Le vote est serré, mais ce texte mal ficelé est adopté à une courte majorité. NKM est contrainte par le premier ministre de présenter ses excuses à Jean-François Copé et à Jean-Louis Borloo. Elle le fait avec classe. "Elle s'est très courageusement expliquée de paroles qu'elle a prononcées qui n'étaient pas conformes à la solidarité gouvernementale", déclare sobrement François Fillon.
L'incident est clos, dit-il. On pourrait en faire un conte. Il était une fois une belle princesse. Pour échapper à un destin cruel, qui l'obligeait à des actes indignes, elle s'enfuit, cachant sa beauté sous une infâme peau d'âne. Les OGM continuent de diviser la société française. Quant à Nathalie Kosciusko-Morizet, elle vient de démontrer qu'elle avait du caractère. Privée de dessert ? Il en faudrait plus pour la mater. Elle descend, entre autres, d'un grand patriote polonais.
Elle a plus d'allure, en tout cas, que ses petits camarades de l'UMP, qui l'ont ainsi abandonnée lâchement au beau milieu d'un match étonnant, pardon, d'un débat passionnant, et raté, sur l'avenir des organismes génétiquement modifiés.
Dominique Dhombres
Article paru dans l'édition du 11.04.08.