Baisse des salaires: il n'y en aura pas pour tout le monde!
Si la dépression succède à la crise, les salaires baisseront.
En attendant, les dirigeants d'entreprises ont à leur portée un
éventail de mesures à prendre pour payer moins cher leur employés mine de rien. Faut-il s’attendre à une baisse généralisée des salaires ? Pour
l’instant nous sommes dans une baisse généralisée des bourses,
c'est-à-dire dans une tendance à la dévalorisation du capital, la perte
de valeur des entreprises, des immeubles etc ; et nous sommes aussi
dans une tendance déflationniste : les prix à la consommation
baissent ; du coup les prix des matières premières baissent également,
à commencer par celui du pétrole. Et ne reste plus qu’un élément
essentiel de la vie économique, qui ne demande qu’à baisser lui aussi :
les salaires. On n’en est pas encore là. Lorsque les salaires
commenceront à baisser, c’est que la dépression aura, hélas, succédé à
la crise.
Quoi qu'il en soit, la décision ne peut ne pas être unilatérale : les
entreprises peuvent négocier avec les représentants des salariés, si
représentants il y a. Mais il suffit d’une simple lettre recommandée
pour définir une baisse de salaire. Dans ce cas, si le salarié refuse,
il peut être licencié pour motif économique. Il existe certes une
limite légale que les entreprises ne peuvent franchir, un plancher :
celui du SMIC, qui est fixé par les pouvoirs publics, en juillet. Elles
ne peuvent – je parle des entreprises - évidemment compresser tous les
salaires vers le Smic, qui correspond à la rémunération des
travailleurs les moins qualifiés.
Des banquiers toujours aussi bien payésMais il y a des façons plus indirectes de baisser les salaires. Tout d’abord, jouer sur la part variable des
rémunérations :
sur les avantages en nature (voiture de fonction, voyages, restaurants,
intéressements aux ventes etc.) Ça concerne plutôt les hauts salaires.
Ensuite jouer sur les heures ouvrées en demandant des efforts de
productivité : le même travail effectué en moins de temps. Autre
méthode, limiter les salaires de ceux qui entrent dans l’entreprise :
les nouveaux contrat de travail, ceux des jeunes, sont négociés à la
baisse.
Et du coté des dirigeants d’entreprises ? Pour
l’instant, la tendance à la baisse des rémunérations n’est pas vraiment
nette. Il sera intéressant de suivre la rémunération de ceux par qui la
catastrophe est arrivée, les banquiers, qui dans la tempête restent
toujours aussi prospères. La crise devrait être l’occasion de définir
un nouveau contrat social : à la toute puissance de l’actionnaire,
pourrait succéder la valorisation du travail. Ce n’est pas le chemin
que semble prendre l’économie.