Travailler moins pour ne pas gagner moins
Le propre d'un bon slogan publicitaire (un claim, comme disent les adeptes du parler pub, sans être vraiment conscients que claim ne signifie pas seulement affirmation, mais également réclamation, revendication et, par extension, plainte) est qu'il doit être facilement mémorisable.
Le sale d'un slogan publicitaire c'est que, destiné à être largement partagé, il ne s'appartient plus. Chacun peut se l'approprier, en détourner les sons, le sens.
Le slogan de campagne du Président a, par sa simplicité, vocation à l'universel. Ce slogan pratique et déclinable est un modèle du genre et peut, moyennant quelques modifications mineures, servir à tout et à n'importe quoi : aujourd'hui, par exemple, dans la forme du titre de ce post, Travailler moins pour ne pas gagner moins, il peut décrire les grévistes du service public.
Ailleurs, comme l'indiquait ce Travailler plus pour gagner plus, il sert à évoquer la revalorisation costaude et culottée du salaire de Nicolas Sarkozy. Sous la forme Travailler plus pour gagner moins, il peut décrire ces rentiers dont on se dit qu'un peu de travail mal payé calmerait leur arrogance.
Par extension, Travailler plus pour gagner moins rend parfaitement compte de la situation de la quasi-totalité des salariés, dont le pouvoir d'achat s'effrite de mois en mois, malgré des statistiques d'inflation réconfortantes. Il résume également l'action brouillonne de ce gouvernement qui s'agite dans tous les sens avec une efficacité non avérée.
Ce truc est d'une richesse inépuisable : Travailler moins pour gagner moins pourrait titrer un article sur les radiés de l'ANPE.
Travailler plus sans gagner plus rend compte de cette forme caprine du travail qui assimile l'immense majorité des cadres (non gratifiés de golden parachutes), attachés non stop à leur blackberry, à des chèvres encordées à un piquet.
Pédaler plus pour gagner plus s'applique parfaitement aujourd'hui aux pratiquants du Velib en panne de RATP. Etc, etc.
José Ferré