Dans un rapport rendu public jeudi 29 mars, le conseil de l’Europe condamne l’Otan et les autorités italiennes pour leur «absence de réactions» aux appels de détresse lancés, en mars 2011 en mer Méditerranée, par des personnes fuyant le conflit en Libye. Un «ensemble de défaillances» ont ainsi conduit à la mort 63 exilés à l’issue d’un périple de 15 jours, indique la commission de l’Assemblée parlementaire du conseil de l'Europe (APCE), confirmant une enquête menée par le quotidien britannique The Guardian (voir le dossier et la carte interactive).
Selon les conclusions du rapport de la sénatrice néerlandaise Tineke Strik, membre du groupe socialiste, la responsabilité de ces décès est imputable aux autorités italiennes chargées des opérations de recherche et de sauvetage en mer, à l’Otan, aux pays dont les navires battaient pavillon dans la zone en question, aux autorités libyennes et aux «trafiquants sans scrupules» (lire le rapport dans son intégralité).
La commission a recueilli les témoignages des survivants. L’embarcation avait quitté Tripoli avec 72 personnes à bord une semaine après le début des bombardements aériens sur la Libye. Quand elle s’est échouée sur les côtes libyennes, ils n’étaient plus que 9 à bord, alors même que des messages de détresse avaient été émis à l’intention des navires présents dans le secteur.
Les survivants ont déclaré qu’un hélicoptère militaire leur a jeté de l’eau et des biscuits et indiqué qu’il allait revenir ce qu’il n’a pas fait. Selon eux, au dixième jour de la traversée, un «gros vaisseau militaire» s’est approché, mais il s’est éloigné. L’Otan, insiste la commission, «n’a pas réagi aux signaux de détresse». «Maintes occasions de sauver les vies des personnes à bord du bateau ont été perdues», conclut-elle, exigeant non seulement une refonte de la réglementation maritime, mais aussi de la part de l’Otan des réponses détaillées aux questions encore sans réponse et du Parlement européen la divulgation des clichés pris par satellite.
Côté français, Stéphane Maugendre, au nom du Groupe d’information et de soutien des immigrés, a annoncé l’intention de plusieurs associations de porter plainte contre l’armée française pour «non assistance à personne en danger».
La plainte, a-t-il précisé à Bruxelles, «sera déposée, au nom de plusieurs survivants, auprès du procureur du tribunal de grande instance de Paris durant la première quinzaine d'avril».
Source TERRA : http://www.mediapart.fr/journal/fil-dactualites/290312/naufrage-en-mediterranee-un-rapport-confirme-la-responsabilite-de-lot