L’exorcisme toujours en vogue
La conférence annuelle sur l’exorcisme se tient actuellement à Mexico. Plus de 500 prêtres catholiques ont fait le déplacement. L’objectif ? Mieux préparer les prêtres-exorcistes à faire face à n’importe quelle influence ou possession démoniaque. Non, ce n’est malheureusement pas une blague !
« Ce rituel tant attendu s’est transformé en farce », regrette Don Gabriele Amorth, fondateur de l’association internationale des exorcistes. Difficile, il est vrai, de ne pas laisser échapper un sourire à l’évocation de l’exorcisme. Pour beaucoup, exorcisme rime avec satanisme et autres pratiques farfelues sinon désuètes. Mais pour d’autres, et ils sont plus nombreux qu’on ne peut l’imaginer, l’exorcisme est synonyme de sauvetage. Le rituel permettrait de déposséder une âme humaine d’un esprit malin. Possession démoniaque qui peut se manifester de diverses manières. « Parler, comprendre ou écrire une langue a priori inconnue de la personne, connaître des faits dont le possédé ne peut être au courant, avoir une force démesurée mais surtout une aversion pour le sacré », explique Francesco Bamonte, auteur d’un ouvrage sur le phénomène.
Pour guérir ces symptômes et parce que le Christ a commandé « guérissez les malades et chassez les démons », l’Eglise a mis en place un rituel dès 1614. Il est resté quasiment inchangé depuis. Après la récitation d’une litanie puis d’un psaume, l’exorciste s’adresse au démon : « Je t’enjoins, qui que tu sois, esprit immonde, (…) de dire ton nom ». Suivent ensuite trois séries de prières et d’exorcismes dont un plutôt violent prononcé contre l’« Antique serpent ». Au risque pour le prêtre de se prendre en retour une volée de vomissures verdâtres et d’entendre des choses désagréables sur le comportement pour le moins léger de sa mère en enfer… La prière finale se termine ainsi : « Si tu as trompé l’homme, tu ne pourras pas te jouer de Dieu (…) ». Brrrr !!!!, de quoi impressionner n’importe quel esprit frappeur.
D’après l’Abbé Henri Caffart, sur le site Internet du diocèse d’Arras, tout prêtre peut être exorciste. « Ce n’est pas une fonction sacerdotale réservée, explique le prêtre exorciste, en général, l’évêque choisit un seul de ses prêtres (…). En France, nous sommes une centaine à exercer ce ministère particulier ». On oublie que le pape Jean-Paul II a exercé ses pouvoirs d’exorcisme à trois reprises au cours de son sacerdoce. Qui l’eût cru ?
Difficile de chiffrer les « besoins exorcisant » en France. Mais avec cent prêtres exorcistes en France, on imagine que les demandes sont nombreuses. Elles proviennent de personnes de tous âges et généralement fragilisés par une succession d’évènements douloureux : échecs professionnels, amoureux, maladies, décès, accidents… Ces « possédés » consultent souvent plusieurs charlatans avant de s’en remettre à des exorcistes de l’Eglise catholique. Peut-être parce que leur existence est assez peu connue. Internet a l’avantage d’orienter certaines personnes vers des exorcistes alors qu’elles n’avaient pas forcément mis de mots sur leurs maux. Les sites ne manquent pas, des plus sérieux aux plus farfelus. En tapant « prêtre » et « exorciste », l’internaute navigue entre témoignages et sites de diocèses. De quoi rendre à l’exorcisme toutes ses lettres de noblesse ? Pas totalement : l’un des sujets de discussion de la conférence annuelle à Mexico porte sur l’influence négative du phénomène Harry Potter !
(- par Anne Soetemondt )